Mise au point de l’Union
Nationale
Libreville, le 15 avril 2015
L’annonce du décès de notre
très regretté André Mba Obame a provoqué dans l’opinion un véritable choc. Le
pouvoir, aussi bien à travers sa presse aux ordres que par les voix de son
porte-parole et de son ministre de l’Intérieur a, une nouvelle fois, choisi de
faire injure au peuple gabonais et à la mémoire collective. En effet, c’est à
travers une mise en cause directe de sa famille politique, par le ministre de
l’Intérieur, que le pouvoir établi a choisi de saluer l’annonce du décès du
Secrétaire exécutif de l’Union Nationale.
L’Union Nationale, qui est
la famille politique d’André Mba Obame, dit son indignation et sa grande colère
devant le cynisme, la rancœur et la duplicité qu’expriment les propos d’Ali
Bongo, du gouvernement et du Parti démocratique gabonais (PDG) dans leurs
différentes communications, en rapport avec ce drame qui nous accable.
Au moment où le peuple
Gabonais vit ce deuil qui le frappe et prépare les funérailles de son illustre
fils, le comportement du pouvoir établi impose que soit restitué au préalable,
à l’endroit de chacun et devant tous, le récit de ce qui a conduit André Mba
Obame au sacrifice suprême.
En 2009, lorsqu’André Mba
Obame a décidé de se soumettre aux suffrages de ses concitoyens, il était en
bonne santé, ainsi que l’atteste le
certificat médical qui lui avait été délivré pour la circonstance. Et tout le
monde se souvient l’avoir vu en pleine santé tout au long de cette campagne d’août
2009. Chaque Gabonais se souvient de l’énergie qu’il a mise, par la suite, pour
dénoncer le coup d’Etat électoral du 3 septembre 2009 et s’insurger contre la
dictature qui tentait de s’établir au Gabon à partir de cette date.
En avril 2011, il fît part
de l’urgence pour lui de se rendre à l’étranger, sur avis médical, pour y subir
une intervention chirurgicale. Les Gabonais n’ont pas oublié et n’oublieront
jamais les soupçons et railleries que la révélation de son état de santé,
décidée par souci de transparence,
suscita de la part des tenants du pouvoir établi. Certains y voyaient un
subterfuge pour se soustraire à la machine répressive qui cherchait à l’emmurer.
Le ministre de l’Intérieur de l’époque alla jusqu’à remettre en cause sa santé
mentale. Pendant de longues semaines, alors que son déplacement sanitaire
relevait de l’urgence, les autorités judiciaires s’entêtaient à lui envoyer des
convocations à comparaître.
Les Gabonais ne peuvent
oublier que le pouvoir établi interdit alors à André Mba Obame la sortie du
territoire national, instrumentalisant
le procureur de la République près le tribunal de Libreville de l’époque,
Patrice Kikson Kiki, aux fins de lui adresser des convocations pour être
entendu par le B2, sa police politique. Ce n’est qu’au bout de plusieurs
semaines d’un bras de fer qu’André Mba Obame put se rendre en Afrique du Sud
pour y être effectivement opéré. Interrogé à ce sujet, Ali Bongo évoqua, et il
fut le premier à le faire, un empoisonnement. C’était à Koula-Moutou, le 30 mai
2011.
Ali Bongo a, en effet, été
le premier à évoquer l’empoisonnement d’André Mba Obame. Une personnalité de
son rang ne saurait s’exprimer sur un tel sujet avec légèreté. En conséquence,
l’Union Nationale demande désormais qu’Ali Bongo fasse toute la lumière sur les
raisons de la détérioration de l’état de santé de son Secrétaire exécutif. Oui,
l’Union Nationale met Ali Bongo au défi de dire de qui et par quels moyens
tenait-il son information et d’en apporter la preuve. Autrement, le peuple
gabonais serait en droit de considérer qu’il s’agissait, ni plus ni moins, que
d’un aveu de sa part.
On doit se souvenir également
que, dans des conversations privées mais notables, de nombreux tenants du
pouvoir usurpé ne cachaient pas leur souhait de maintenir André Mba Obame au
Gabon pour qu’il puisse mourir et voir disparaître ainsi les secrets dont son
long bail avec le pouvoir l’avait rendu dépositaire.
Après son long séjour à
l’étranger, où des nervis avaient été expressément commis par le pouvoir établi
pour «s’occuper de lui», il nous
est pourtant revenu debout en août 2012. S’il s’aidait d’une canne, ceux qui
lui rendaient visite, à son domicile, le voyaient se déplacer sans assistance.
Curieusement et sans qu’on
ne sache pourquoi, son état physique se détériora de nouveau. Là encore, c’est
du pouvoir établi que les nouvelles aussi macabres que lugubres vinrent. Est-il
besoin de rappeler les coups de fils passés aux membres de l’Union Nationale
(UN) pour s’enquérir, faussement préoccupés, de la santé d’AMO ? Faut-il
rappeler les récurrentes rumeurs de décès ? Faut-il relire certaines
publications réputées proches d’Ali Bongo ? Est-il besoin de rappeler les
propos d’officiels qui donnaient diagnostic et moyens d’y pourvoir ?
Comment expliquer le mutisme des différents gouvernements face à des rumeurs
aussi insistantes ? Et quel sens donner aux propos de l’ancien Ministre de
l’Intérieur, Jean-François Ndongou, qui alla jusqu’à évoquer, sur le mode de la
raillerie, une éventuelle prise en charge par la CNAMGS ? Et les propos
nauséeux de Faustin Boukoubi, Secrétaire
général du PDG, à l'endroit de ses familles biologique et politique.
Ainsi, on voit bien que le
décès d’André Mba Obame est l’aboutissement d’une histoire à laquelle Ali Bongo
et le pouvoir établi ne sont pas étrangers. Tout au long des quatre dernières
années, le comportement du pouvoir établi fut si curieux que d’aucuns
s’interrogent encore sur son sens et sa portée. André Mba Obame n’a-t-il pas
lui-même publiquement affirmé avoir été empoisonné ? N’a-t-il pas lui-même
révélé avoir été la cible de constantes attaques mystico-occultes de la part de
proches du pouvoir établi ?
Depuis son départ du PDG et
sa victoire à l’élection présidentielle du 30 août 2009, André Mba Obame, ses
proches, sa famille biologique et sa famille politique sont l’objet d’un
acharnement et d’une persécution par le pouvoir établi que même son décès n’a
pas arrêté.
Chacun peut se souvenir que
tous ses gestes et mouvements, tous ses propos, étaient retournés dans tous les
sens, interprétés, sur interprétés jusqu’à la caricature et l’écœurement. Sans
craindre de tomber dans le ridicule, le pouvoir établi est même allé jusqu’à
accuser ce civil, qui n’a jamais été sous les drapeaux, n’a jamais occupé de
fonctions de la hiérarchie militaire, de fomenter un coup d’Etat.
Visiblement, André Mba
Obame faisait peur au pouvoir établi. A l’évidence, sa seule présence
constituait un facteur limitant voire inhibant pour la clique d’amateurs qui
s’est emparée du pouvoir à la suite du coup d’état électoral du 3 septembre
2009. Or, dans les régimes mafieux et oppressifs comme celui incarné par Ali
Bongo, chacun sait ce qu’il advient des personnes gênantes.
Avec gravité, prenant à
témoin la communauté internationale, l'Union Nationale sortie, malgré elle, de
la réserve que lui impose le deuil qui l'accable, demande à Ali Bongo, à son
gouvernement et à son parti, le PDG, de faire preuve d’un minimum de décence.
Qu’ils épargnent au peuple gabonais leurs larmes de crocodile, leurs
insinuations calomnieuses et leur fausse commisération. Qu’ils respectent notre
deuil et celui de la nation gabonaise.
Le
Secrétaire exécutif adjoint, chargé de la Communication, porte-parole
François ONDO EDOU
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.