Les assassinats, attentats et les
exécutions secrètes,
Ce qui suit peut être appliqué à
un nombre infini de cas d’étrangers et de gabonais assassinés sous le régime des
Bongo, dans des conditions jamais élucidées malgré l'ouverture péremptoire
d'enquêtes officielles. Aucune enquête
ne s'est jamais refermée sur des coupables et des conditions bien définies. Là
est un trait caractéristique du régime des Bongo. Sous le régime des Bongo, que d’assassinats. De Germain Mba à Joseph Rendjambé, de Germain Mba, de Djoue Dabany, de Robert Luong, de Michel Bomboh à Pierre Mamboundou (qui a plusieurs fois à des tentatives d’assassinat), tous ces morts, même celles qui comportaient d’évidentes signatures du meurtrier, ont aux dires de Monsieur Bongo et de ses thuriféraires, fait l’objet d’enquêtes officielles. Bien malin qui dira que ces enquêtes se sont refermées sur des coupables clairement reconnus. Quelle confusion !
L’examen que ce blog fait ici n’est pas exhaustif, car désormais la ligne entre mort par courte maladie et assassinat est devenue mince. En effet le régime utilise l’empoisonnement pour faire passer les assassinats politiques pour des morts par maladie. Le principe est simple, on administre par voie orale, cutanée ou par injection une dose non létale. Le but étant de provoquer un disfonctionnement des organes pouvant aboutir à une crise cardiaque ou à une septicémie générale entrainant la mort. Le commanditaire tout comme l’exécutant se cachent derrière cet assassinat silencieux en prétendant que la victime est morte de courte maladie.
“Toute personne a son prix, fut-il celui de sa vie”, ce petit mot très affectionné par Omar Bongo résume un peu l’univers de la compromission de ce géronte de l’équateur qui aimait affirmer que « qui n’est pas avec moi est contre moi ». C’est assez grave, car tous les petits chefaillons de son sérail se sont portés à l’imiter. Ils organisent des crimes rituels pour dit-on avoir les grâces du dictateur, ce qui est plus grave c’est que Omar Bongo lui-même et son successeur les protègent. La pratique d’assassinat par empoisonnement connaît un relent de succès à cause de la discrétion que cela procure. La victime, est toujours accusée de mourir de courte maladie ou de mort naturelle. Des consignes strictes sont données pour qu’aucun hôpital n’accepte de pratiquer l’autopsie. Joseph Rédjambé, Leader de l’Opposition, assassiné par inoculation de poison en 1990 est un exemple parmi tant d’autre. Vingt trois ans après cet assassinat on a pas toujours les résultats de l’autopsie.
Les émeutes à caractère insurrectionnel que cela a provoqué ont poussé les tenants du pouvoir dur contre la démocratie et les droits de l’homme à opter pour des «méthodes douces»: L’empoisonnement. L’assassinat des leaders de l’opposition n’était plus à l’ordre du jour depuis l’assassinat de Redjambé en 1990 sous Omar Bongo réapparait depuis 2009 par Ali Bongo.
Omar Bongo avait comprit que dans le contexte actuel l’assassinat des leaders d’opinion entrainait une vague d’émotion importante pouvant balayer son régime. C’est pourquoi il se contentait de faire le vide autour des leaders de l’opposition en assassinant toutes les têtes pensantes qui aident et entourent le numéro un de chaque parti de l’opposition.
Depuis 2009 Ali Bongo a remis à l’ordre du jour l’assassinat de toutes les personnes qui lui font ombrage, partisans ou opposants, un véritable nettoyage par le vide. Quand il était ministre de la défense sous l’ère de son père, il a non seulement fait assassiné des opposants (Joseph Rédjambé étant la figure emblématique) mais il s’est débarrassé, de ses généraux d’armée encombrants le plus souvent par empoisonnement à la suite d’une soirée sablée. Sont également éliminés tous les empêcheurs de gouverner en rond que sont les journalistes de la presse libre (quand ils existent), les libres penseurs, les syndicalistes (Martine Oulabou) ou encore les transfuges du PDG surtout ceux qui sont soupçonnés de trahir ou de vouloir trahir le PDG et son Chef Omar Bongo.
Il est certainement plus explicite d'illustrer cette triste partie du chapitre par un tableau récapitulatif des assassinats politiques commis par le système Bongo :
Le tableau ci-contre ne vise pas des objectifs d’exhaustivité, mais il permet de montrer à suffisance les affres et l’ampleur des deuils engendrés par le système Bongo. Même s’il y avait seulement un seul assassinat ce serait toujours un assassinat de trop car nul n’a le droit d’enlever la vie à son semblable.
Pierre PEAN[1] nous édifie et nous conduit droit
dans les allégeances et les méandres du pouvoir de Bongo.
Année
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Noms et Prénoms
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Profession
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Observation
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1971
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Germain MBA
|
Diplomate
|
Personnage gênant
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1973
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BOUQUET
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Avocat
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Personnage gênant
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1977
|
Ndouna Dépénaud
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Poète
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Ex mari de Mme…
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Layigui
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Officier sup. CEM
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1978
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Djoue Dabany
|
Officier sup. CEM
|
Hélico piégé
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1978
|
Firmin Ndoutoume
|
Officier Sup. CEMA
|
Empoisonnement
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1979
|
Robert Bossard
|
PDG Diesel-Gabon
|
Explosion de voiture
|
1979
|
Avaro Ambourouet
|
Prof. université
|
Avion piégé
|
1979
|
Robert Luong
|
Peintre-Décorateur
|
Amant de Mme…
|
1980
|
René Journiac
|
Adj. de FOCCART
|
Personnage gênant
|
1980
|
P.Fanguinovény
|
Voiture piégée
|
|
1980
|
Pinaton
|
Empoisonnement
|
|
1984
|
Ogoula
|
Amant de Mme
|
Assa. en argentine
|
1990
|
Doukakas N.
|
Agent SEEG
|
Empoisonnement
|
1990
|
J.
Rendjambe
|
DG SONADIG
|
Assassinat
|
1991
|
Michel Bomboh
|
Officier de Police
|
Assassinat
|
1992
|
Martine Oulabou
|
Enseignante
|
Assassinat
|
1993
|
Kombila Ign.
|
Policier témoin assassinat de Bombo
|
|
1993
|
Léon Ossiali
|
Officier Sup. FPN
|
Assassinat
|
1994
|
Mayombo E.
|
Professeur
|
Assassinat au Pk6
|
1997
|
Sam Mvé Ondo
|
Journaliste
|
Empoisonnement
|
1997
|
Silmost
|
Journaliste
|
Empoisonnement
|
1998
|
fils Cavacas
|
commerçant
|
assassinat
|
2000
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Olouna Gaston félicien
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Général d’armée
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Objecteur de conscience dans le Haut Ogooué,
assassiné par empoisonnement
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2000
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AYATSOU Antoine
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Ancien DG éducation nationale
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Rédacteur d’un journal secret dans le haut
Ogooué assassiné par balle
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2005
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2009
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2009
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2009
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Empoisonnement des leaders de l’opposition par jet de gaz toxique devant la cité de la démocratie :
1/Pierre Claver Nzeng Ebome y décédera de ces suites
2/Pierre Mamboundou gravement atteint échappera de justesse grace à une prise en main en France
3/André Mba Obame, gravement atteint est toujours dans un état critique à ce jour
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2010
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2011
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2012
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2013
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2014
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2015
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« Affaires
Africaines »(1)[2] ce fameux livre-document écrit
par une des plus belles plumes
françaises d’investigation devrait être lu par le plus grand nombre. Saisissant
et étourdissant d’objectivité et rempli de détails précis, il retrace l’histoire
des relations franco-gabonaises de la Ve République française. Il analyse avec
force et détails les arcanes du bongoïsme, les meurtres et attentats contre les
opposants ou les amants de l’ex-Madame Bongo, le recours aux mercenaires,
l’inégale répartition des revenus nationauxLe père tuait sauvagement, le
fils le fait en finesse
Le père était un nabot complexé qui éprouvait le désir de démontrer sa puissance de manière ostentatoire. C’est pourquoi il affectionnait les exécutions sommaires comme pour Mandza, Ndouna-Depenaud ou Germain Mba. Le fils lui opère différemment. A la conférence nationale de 1990, lorsque Redjambe lui a dit de se taire et de laisser les gabonais régler leurs problèmes entre eux, Ali Bongo dans une profonde colère lui répondit : « tu vas voir ! ». Quelques semaines plus tard, Redjambe fut retrouvé sans vie à l’Hôtel Dowe du port Mole. L’enquête, ou le semblant d’enquête, révéla de vrais faux papiers d’identité d’une dame qui séjourna à cet hôtel sous le nom de Brigitte Canon. Mais nous savons aujourd’hui que cette personne n’existe pas. Alors qui est la femme dont on s’est servi pour attirer le pauvre Redjambe au Dowe pour le tuer ? Si le père avait travaillé avec les méthodes brutales de Bob Denard, le fils lui préfère la souplesse meurtrière d’un Bruno Baril. Dans le cas Redjambe, le policier qui avait établi les faux papiers sous l’identité de Brigitte Canon, Jean Paul Kombila, fut assassiné quelques jours après Redjambe. Qui plus est, dans un article publie en 2007, le Journal « Le Nganga » révélait qu’un rapport d’analyse d’échantillons prélevés sur Redjambe et analysés dans un laboratoire français à la demande de la famille, démontrait qu’on lui avait injecté une dose létale de phénobarbital. Le nom de celui qui injecta est même connu, un certain Dr Keita. Mais l’impunité est toujours là omniprésente. Toute les sources s’accordent a dire que c’est l’équipe de Bob Denard qui assassinat en 1971, Germain Mba ; et Ndouna Depenaud en 1977. En 1978, le Gabon perdu Joseph Ambouroue Avaro, dans un accident d’avions troubles jamais élucidé jusqu'à nos jours. Vu ses activités politiques, beaucoup, soupçonnent un sabotage. En 1979, les barbouzes de Bongo élimineront en France, Pierre Fanguinoveny, dans un accident de voiture maquillé, dont il est largement écho dans « Affaires Africaines » de Pierre Péan. Dans les années 80 on aura l’empoisonnement de Doukakas Nziengui, l’exécution du Capitaine Mandza en 1985 et l’assassinat de Joseph Rendjambe en 1990 (photos ci-dessous). La liste est longue et nous n’avons pas cité tout le monde mais vous vous faites une idée de toutes ces vies qui nous ont été arrachées par la nébuleuse bongoïste
Le père était un nabot complexé qui éprouvait le désir de démontrer sa puissance de manière ostentatoire. C’est pourquoi il affectionnait les exécutions sommaires comme pour Mandza, Ndouna-Depenaud ou Germain Mba. Le fils lui opère différemment. A la conférence nationale de 1990, lorsque Redjambe lui a dit de se taire et de laisser les gabonais régler leurs problèmes entre eux, Ali Bongo dans une profonde colère lui répondit : « tu vas voir ! ». Quelques semaines plus tard, Redjambe fut retrouvé sans vie à l’Hôtel Dowe du port Mole. L’enquête, ou le semblant d’enquête, révéla de vrais faux papiers d’identité d’une dame qui séjourna à cet hôtel sous le nom de Brigitte Canon. Mais nous savons aujourd’hui que cette personne n’existe pas. Alors qui est la femme dont on s’est servi pour attirer le pauvre Redjambe au Dowe pour le tuer ? Si le père avait travaillé avec les méthodes brutales de Bob Denard, le fils lui préfère la souplesse meurtrière d’un Bruno Baril. Dans le cas Redjambe, le policier qui avait établi les faux papiers sous l’identité de Brigitte Canon, Jean Paul Kombila, fut assassiné quelques jours après Redjambe. Qui plus est, dans un article publie en 2007, le Journal « Le Nganga » révélait qu’un rapport d’analyse d’échantillons prélevés sur Redjambe et analysés dans un laboratoire français à la demande de la famille, démontrait qu’on lui avait injecté une dose létale de phénobarbital. Le nom de celui qui injecta est même connu, un certain Dr Keita. Mais l’impunité est toujours là omniprésente. Toute les sources s’accordent a dire que c’est l’équipe de Bob Denard qui assassinat en 1971, Germain Mba ; et Ndouna Depenaud en 1977. En 1978, le Gabon perdu Joseph Ambouroue Avaro, dans un accident d’avions troubles jamais élucidé jusqu'à nos jours. Vu ses activités politiques, beaucoup, soupçonnent un sabotage. En 1979, les barbouzes de Bongo élimineront en France, Pierre Fanguinoveny, dans un accident de voiture maquillé, dont il est largement écho dans « Affaires Africaines » de Pierre Péan. Dans les années 80 on aura l’empoisonnement de Doukakas Nziengui, l’exécution du Capitaine Mandza en 1985 et l’assassinat de Joseph Rendjambe en 1990 (photos ci-dessous). La liste est longue et nous n’avons pas cité tout le monde mais vous vous faites une idée de toutes ces vies qui nous ont été arrachées par la nébuleuse bongoïste
Le Cas Djoué Dabany
Le cas Djoué Dabany et ses trois
collègues (un gabonais et deux européens) reste une énigme que seul Bongo est
capable d’expliquer. En effet, chargé d’une mission à Franceville (il s’agirait
du transport de l’argent de Bongo), ces quatre personnes ont disparu corps et
bien entre Libreville et Franceville, dans l’espace dit «la forêt des
abeilles». Des troupes militaires sont aller fouiller la forêt sans trouver la
moindre épave, ni le moindre corps. Cet homme qui était le frère cadet de
l’ex-épouse de Bongo a donc mystérieusement disparu. Vingt ans après ces
recherches inutiles qui ont mobilisées d’énormes moyens, on a toujours pas un
début de réponse à l’enquête ouverte par le régime. Certain ont dit que ces
recherches n’étaient qu’une mise en scène pour tromper les familles des
disparus car le lieu d’atterrissage ou du crash de l’hélico serait ailleurs
qu’à l’endroit désigné. Il s’agirait du Congo.
L’assassinat de Joseph Rédjambé
Issany
L’assassinat
en 1990 du Chef charismatique du Front Uni des Associations Politiques de l’Opposition
(FUAPO), avait, en pleine tension sociale failli faire tomber le régime de
Bongo. Celui-ci pour la deuxième fois en quelques mois a été sauvé in extremis
par l’armée coloniale française. Joseph Rédjambé a payé chèrement sa
clairvoyance et son opposition à une opposition factice et une démocratie de
façade comme le voulait Bongo et les opposants à sa solde. Son assassinat est
programmé depuis le début de la conférence nationale. Ses prises de position
contre le système inquiète le régime. D’ailleurs la conférence nationale
piétine, le pouvoir ne veut pas céder sur le caractère souverain et obligatoire
des actes de la conférence nationale. Il veut plutôt que ceux-ci n’aient qu’un
caractère symboliquement indicatif. D’ailleurs depuis le début de celle-ci, le
camp de Bongo campe sur ses positions : elle veut imposer à la majorité
des partis et associations présente un caractère purement consultatif de la
conférence nationale. Mais l’opposition véritable conduite par Rédjambé tient
dure, cette position porte d’ailleurs quelques fruits et le camp adverse
commence à se fissurer. Mba Abessolo, opposant fabriqué par la France et Bongo
quitte le RSDG, beaucoup des membres du PDG, parti de Bongo commence à faire
défection, c’est le début de la panique. Ali Bongo, fils et successeur désigné
du dictateur est commis par le dernier cercle du pouvoir afin de trouver un
arrangement et pour amener l’intellectuel progressiste à des meilleurs
sentiments à l’égard du clan. Rien à faire, d’ailleurs ce dernier réagi très violemment
à cette tentative. Allant pratiquement jusqu’à invectiver «l’émissaire» qu’il
aurait traiter de biafrais et même gifler quand celui-ci l’a passé une tape
amicale à l’épaule. Dés ce jour, il ne sait pas qu’il vient de signer son arrêt
de mort. Le reste est une machination diabolique réglée avec une minutie
parfaite. C’est l’histoire d’un témoin aujourd’hui assassiné ? (Alain
Dickson), une victime Joseph Rédjambé Issany assassiné, un appât Mme Kanon
alias Mme DN, ex-amante de la victime et Ambassadeur actuellement et trois
tueurs professionnels d’origine asiatique, d’un lieu du crime, l’hôtel Dowé de
Libreville. Vu la tournure que pourrait prendre les évènements après
l’assassinat, les commanditaires veulent que ce meurtre soit fait en douce pour
que l’on prétexte que la personne est morte de mort naturelle, par courte
maladie. D’ailleurs Joseph est diabétique et cela entraverait davantage la
piste d’une mort naturelle (c’est sur cette piste que Bongo et ses complices se
sont appuyés d’ailleurs pour justifié sa mort). Le topo est simple, DN doit
faire venir Redjambé dans une chambre de l’hôtel Dowé, elle tentera d’abord de
le convaincre, en cas d’échec le plan B sera mis en route. C’est à dire elle
fera l’amour avec lui au besoin et le fera boire jusqu’à épuisement, lorsqu’il
s’endormira, on l’injectera, sans qu’il s’en rende compte une dose moyenne qui
le tuera chez lui quelques jours plus tard. Le jour final survint, le poison,
en injection, étant déjà prêt, les commanditaires demande à dame DN d’inviter
Joseph à l’hôtel. Mais ce plan bien huilé connaît quelques couacs. Le premier
c’est le témoin inattendu Alain Dickson qui se trouve à la réception de l’hôtel
lorsque DN arrive. Il connaît très bien DN qui se fait passer pour Mme Kanon,
un peu étonné sans être très surpris dans ce genre de situation, les fameuses
grandes dames du Gabon ont d’ailleurs l’habitude de louer des chambres sous des
faux noms quand elles ont un rendez vous galant avec un homme autre que leur
mari. Son étonnement ne grandit pas davantage quand il voit arriver Joseph
Rédjambé qu’il connaît également. Après un court conciliabule, DN et joseph se
dirigent vers les ascenseurs et montent dans leurs chambre. Il est 20h00.
Environ trente minutes après trois sujets asiatiques, on aurait dit des
japonais aux dires d’Alain Dikson montent eux aussi. De toute façon il n’y a
aucune raison de faire attention à eux. C’est un hôtel beaucoup fréquenté par
les étrangers. Une heure plus tard DN descend seule précipitamment et sans
demander son reste, va au parking démarre sa voiture et s’en va. Quelles que
minutes plus tard c’est au tour des «japonais» de descendre. En ce moment on
commence à s’inquiéter de l’absence de Rédjambé qui selon ses habitudes ne
vient jamais en retard à une réunion du FUAPO ou du PGP son parti, à fortiori
la manquer.
Il y a quelque chose de bizarre,
surtout en cette période d’insécurité organisée par Bongo. Pourtant, cet homme,
dans sa diabolique duplicité, avait signé un décret présidentiel garantissant
la sécurité et l’absence de toute tentative d’assassinat ou de poursuite pour
des motifs politiques de tous les membres de la conférence nationale. Mais des
conférenciers et des journalistes qui couvraient l’événement ont été agressés,
d’autres violés et humiliés par l’armée prétorienne de Bongo.
Quand Alain Dickson se pointe au
siège du parti, il trouve le sujet en discussion : Rédjambé est
injoignable et personne ne sait ou il se trouve. C’est ainsi qu’il relate la
scène du début de la soirée. Quand une délégation se rend sur place, elle ne
peut que constater le décès de leur leader. Il fait nuit, la nouvelle de la
mort de l’enfant terrible de Port-gentil ne s’est pas encore répandu, elle le
sera dès l’aurore. Port-gentil et Libreville s’embrasent si ce n’est pas
l’insurrection, on s’y approche. Tous les symbole du pouvoir de bongo sont
détruit. Le palais de Bongo à Port-gentil est incendié. Le siège de son parti,
la résidence de son gouverneur ainsi que la maison de son délégué fédéral de
son parti, ainsi que tous les symboles de sa puissance économique ou politique
(sa chaîne de magasin Gaboprix est dévalisée et incendiée) subissent le même
sort à Port-gentil. Au plus fort de la crise le consul de France à Port-gentil
est enlevé, on craint le pire. Mais une médiation de Maître Agondjo permet sa
libération. L’armée française est envoyée sur place pour «pacifier» la ville,
Oyé mba, qui est alors premier Ministre dira plus tard qu’il n’était pas au
courant de l’envoi des troupes françaises à port-gentil. Elle assassinera plusieurs
manifestants pour faire revenir le calme. A Libreville, c’est l’insurrection,
Le siège du Parti de bongo est incendié, ainsi que l’école des cadres du parti
qui le jouxte. Les biens de Bongo et de sa famille sont incendiés un peu
partout à Libreville, les arrestations, les couvres feux, l’Etat de mise en
garde décrété par Bongo et les tirs sur la populations ne changent rien. Les
manifestants ont une mobilité et une tactique de guérilla urbaine qui n’a rien
à envier aux troupes bien entraînées. Maître Pierre Louis Agondjo Okawé, qui
est le frère de la victime lance un appel au calme
Le Général Ossiali Ongaye
Le 14 octobre 1993, sur le tarmac
de l'aéroport international Léon Mba de Libreville, un bimoteur de la compagnie
Air Services Gabon demande l'autorisation de décoller. Selon le plan de vol
fourni, l'avion a pour destination finale, Cotonou au Bénin. C'est un vol
apparemment important car dans l'avion, ont pris place le Général André Oyini,
commandant en chef de la Garde présidentielle (GP), le Général Firmin Idriss
Ngari Okanga, commandant en chef des forces armées gabonaises (FAG) et le
général Léon Ossiali Ongaye, commandant en chef des forces de polices
nationales (FPN). Il faut bien que quelque chose de spécial soit en
préparation, à la veille de la première élection présidentielle multipartiste
pour que les trois patrons de la Sécurité gabonaise se déplacent tous ensemble.
Pourtant, rien ne transparaît du but de cette expédition, puisque hormis le
général Ossiali, les autres généraux sont accompagnés soit de leur femme et
d'un aide de camp (Ngari) ou d'un simple aide de camp (Oyini). Il apparaît dés
que seul le Général Ossiali n’était informé de la mission, car les deux autres
savaient que la mission consistait à aller assassiner ossiali or des frontières
nationales pour éviter l’effet Rédjambé de la population. C’est pourquoi Ngari
et Oyini ont demandé à Ossiali de n’amener ni aide de camp, ni épouse.
Ce voyage a pourtant failli
avorter, tant les incidents techniques se sont multipliés. C'est d'abord une
panne d'alimentation électrique du second moteur qui retarde le décollage de
plus de quatre heures. Quatre heures pendant lesquelles les "passagers" repartent chez
eux, sous la menace de gros nuages chargés de pluie qui obscurcissent le ciel
de la capitale gabonaise.
A la guérite de la résidence du
général Ossiali sur les hauteurs de Plein Ciel, les six policiers en faction se rajustent précipitamment à la vue de la
Mercedes noire officielle du Cochef.
Ils le croyaient déjà hors de Libreville et avaient légèrement baissé la garde.
Droits comme des piquets, ils saluent leur chef pendant que le portail se
referme sur l'arrière massif de la Mercedes. Le général retrouve sa femme et
lui explique, un peu évasif, que" le
vol est reporté pour le milieu de l'après-midi, le temps de réparer
l'appareil".
Le tonnerre gronde et tout le
monde sait qu'il va abondamment pleuvoir dans les heures qui suivent. De
puissants éclairs zèbrent le ciel. Soudain, un policier qui se tenait debout
devant la guérite est foudroyé. Le général sort et trouve le corps inanimé du
policier. A la suite des premiers soins, ce dernier retrouve ses esprits, mais
présente visiblement une paralysie des membres inférieurs. Une voiture
banalisée conduit ensuite le malheureux vers le centre hospitalier le plus
proche.
"… Je ne peux
pas tout t'expliquer, tu parles beaucoup" seraient les dernières paroles du
général à sa femme, sur la terrasse de sa maison, avant de remonter dans sa
Mercèdes de commandement. Il ne reviendra jamais vivant dans cette maison.
Les membres d'équipage et les
passagers reprennent place à bord de l'avion. Tous trois originaires du Haut
Ogooué, province natale du Président de la République, ils devisent sur des
banalités. Après le décollage de l'aéronef, le pilote signale des problèmes
avec son train d'atterrissage qu'il n'arrive pas à rentrer. Néanmoins, il peut
ainsi voler en sécurité, l'avion ayant été testé efficacement à la construction
contre ce genre d'avaries. La tour de contrôle confirme son plan de vol à l'équipage,
destination Cotonou.
En ce midi étouffant du 15 octobre
1993, la rumeur circule dans la capitale gabonaise : le général Léon Ossiali
Ongaye se serait tué dans un accident de
route au Bénin. Sa voiture se serait retournée plusieurs fois quelque part
là-bas, au Bénin, hors de Cotonou. Il faut dire Libreville bruit des rumeurs
les plus fantaisistes, depuis que Jean Pierre Lemboumba (qui a échappé un an
plus tôt aux balles de Martin K., tueur embusqué dans les fleurs de la maison
de l'ancien Ministre des finances) et Paul Mba Abessole, candidats à l'élection
présidentielle, ont été accusés par le pouvoir d'importer des armes de guerre
pour ensanglanter le pays. Curieusement cependant, le gouvernement se tait. Il
faut attendre quarante huit heures plus tard pour que Martin Fidèle Magnaga, le
bègue Ministre de la défense confirme l'affreuse nouvelle ; il dit par ailleurs
attendre le rapport des autorités béninoises quant aux détails sur la mort de
l'officier supérieur gabonais.
Depuis une semaine que la
dépouille du Général a été rapatriée du Bénin, personne ne connaît les détails
de l'accident. Les généraux Oyini et
Ngari prétendent avoir appris la nouvelle de l'accident depuis leurs chambres
d'hôtel à Cotonou. Bien sûr, aucun Gabonais ne croît à cette non-version
des faits, surtout pas les parents du
défunt Général. Et lorsqu'ils réclament toute la vérité sur l'affaire à Okondja
lors de l'enterrement, Ngari et Oyini les accusés, abrités derrière des
lunettes noires de soleil, ne peuvent que bafouiller et répéter une version
plate qui fait monter la pression. Visiblement, ces deux garçons transpirent le
mensonge.
C'est vrai que l'examen du corps
du défunt général révèle des ecchymoses au niveau du cou. L'impeccable
chemisette cache mal des bleus qu'on ne
retrouve habituellement pas chez un accidenté de la route. De plus, la forte
odeur de putréfaction laisse penser
qu'il est mort bien avant la date annoncée, ou que les pompes funèbres béninoises
ont fait un travail approximatif…L'ambiance est lourde tant la vérité
transparaît, et ce ne sont pas les deux mallettes pleines de CFA remises à la
famille du défunt sur ordre du Président de la République qui calmeront la
douleur ou dissiperont les soupçons.
Aujourd'hui encore, plusieurs
questions restent sans réponses. De quoi est mort réellement le Général Léon
Ossiali Ongaye ? Comment est-il mort ? En disant à sa femme qu'il ne pouvait
rien lui expliquer (au juste sur quoi)
dans les détails avant son départ, savait-il que les chiens avaient été lâchés
contre lui ? Pourquoi a-t-il placé sur les comptes bancaires de sa femme, la
presque totalité des centaines de millions
de francs, fruit de l'opération Tonnerre
(contrôle des cartes de séjour, rapatriement des étrangers) ? Pourquoi, quelques
temps plus tôt, a-t-il payé toutes les années d'études de ses enfants aux
Etats-Unis, même du dernier (deux ans en 93), ainsi qu'une superbe résidence ?
Le Général habitait une belle
villa sur les hauteurs de Plein-Ciel, exactement en face du bunker de
Jean-Pierre Lemboumba Lépandou, adversaire (ennemi ?) déclaré du Président de
la République, suite à la tentative d'assassinat dont il fut victime le 7
Janvier 1992. Est-il vrai que le général participait à des réunions chez
l'ancien Ministre des finances, comme le soutenaient des milieux proches du
pouvoir ? Peut-on mourir sur des
soupçons ? La proximité d'habitation n'a-t-elle pas enflammé et fait
galoper les esprits sur une éventuelle
collusion entre les deux voisins ? Le général était-il prêt à passer avec armes
et bagages chez l'ennemi ? Pouvait-il trahir le pouvoir, même par idéalisme ?
En avait-il des raisons ? Toutes ces questions restent sans réponses. Mais, un
an plus tard, l’hebdomadaire satirique indépendant la Griffe sort dans ses colonnes
une note confidentielle des services de renseignements de la présidence de la
République. Dans celle-ci le général Odja Néré informe le président de la
République du succès de la «mission sacrifice suprême menée au Bénin en
décembre 1993 ».
Les époux Marion
Triste fin que celle qu’a connu
ce couple de barbouzes françaises spécialisés dans les écoutes téléphoniques et
les coups tordus en tout genre. Ils ne s’attendaient certainement pas à cette
fin aussi horrible lorsqu’ils ont offert leurs services au diable. Ils auraient
du faire sien de cette, maxime bien africaine “lorsque l’on signe un pacte avec le mal ont fini par en être victime”,
ils vivraient encore certainement. L’histoire des barbouzes françaises en
Afrique est longue, pleine des non-dits et surtout triste pour les africains.
Nous y reviendrons dans une prochaine édition. Le cas de ce couple dont a
retrouvé que les têtes est la preuve que l’on ne sert pas un maître comme Omar
Bongo, et ensuite se retirer tout bonnement sans inquiétude. La version
officielle est que, au début de l’année 1999 ce couple serait parti faire un
tour en ULM (unité légère motorisée) vers la pointe Denis, en face de
Libreville. Et que, à la suite d’une panne du moteur, ils auraient fait une
chute libre qui se serait terminé par la mort des occupants de l’ULM. Mais des
questions subsistent. Ou est l’épave de l’avion et le reste des corps? Comment
des instructeurs expérimentés d’ULM pouvaient t-ils s'écraser au sol, alors que
l’on sait qu’un appareil de ce type peut atterrir en vol plané? Aucun lieu
précis de chute de l’appareil n’a été annoncé par le communiqué du pouvoir. Et
comme d’habitude aucune enquête n’a été ouverte pour savoir les circonstances,
pour le moins troublantes, du décès de ces deux personnes. Monsieur et madame
Marion étaient les oreilles du régime. Toute communication téléphonique ou
radio, intérieure ou internationale, et tout courrier, tout fax et télex,
étaient interceptés par ses services. Ce couple avait tous les renseignements
possibles sur tout le monde y compris l’ensemble des exactions du régime de
Bongo. Il était donc dangereux. Lorsqu’ils ont signalé au “Patron” leur
intention de ne plus renouveler leur contrat, ils ont, sans le savoir, signé
leur arrêt de mort. Pourtant les cas ne manquent pas.
Des morts suspectes à la SOACO
A la fin du contrat de la
société SOACO, chargé de la construction du palais d’Omar Bongo, des architectes
et cadres de la société mourraient inexplicablement. Celle-ci a du plier
bagages sans finir les travaux engagés et sans demander son reste. D’ou le
litige que Bongo a avec cette société.
Des indiscrétions affirment que le maître du Gabon craignait que les plans du
château soient dévoilés et servent à un coup d'état.
Un
intendant barbouze «suicidé» au palais
L’autre
cas est celui de son ancien intendant français, Maurice Rey, retrouvé avec une
balle dans la tête à son bureau du palais du bord de mer. Un suicide, selon la
Garde Présidentielle du roitelet. Le plus curieux c’est que cet homme a été
retrouvé avec le pistolet dans la main, or de mémoire de criminologue, un
suicidé ne peut tenir son arme après son acte. D’ailleurs l’axe de pénétration
de la balle indique bien qu’il ne peut s’agir d’un suicide selon des
indiscrétions proches de ces mêmes milieux. Cet homme avait, en vain, demandé à
mainte reprise son départ à la retraite.
Il ne portait jamais d’armes et que devait faire un cuistot avec une arme de
point? La connaissance de certaines habitudes gastronomiques rituelles, et au
demeurant curieuses, du maître des lieux serait à l’origine de cet assassinat
maquillé en suicide.
A mort la Barbouze Conan
Un
autre exemple est celui de Conan, barbouze française devant l'éternel,
exécuteur des basses œuvres d’assassinat et de torture des opposants. Ce
professionnel de la répression croyait couler des jours heureux dans sa France
natale. Après des loyaux services de charcuterie humaine rendus au roitelet
équatorial il s’est rendu compte, trop tard, que quand on s’engage chez Bongo
c’est pour la vie. Il est rentré en France avec, dans son corps, “une médecine
africaine” comme dirait Pierre Péan. Il est mort dans d’atroces souffrances,
après avoir été amputé de tous ses membres à la suite des gangrènes
inexpliquées.
Mort d’un consul trop curieux
Les
crimes crapuleux de l’ancien consul honoraire de France à Port-gentil Monsieur
Durelli et l’homme d’affaires Gourayed traduisent la nature du régime mafiosique
de Bongo. Ces deux hommes ont étés assassinés le même jour et au même endroit,
au fort de l’eau hôtel ferme
touristique appartenant à un italien et qui est devenu la propriété de Ngari
Idriss sans débourser un rond à
Port-gentil. Ils ont été découpés à la machette par un jeune camerounais commis
à ce propos par les cimes du pouvoir de Libreville. Leur tord est d’avoir
découvert un trafic de drogue qui se faisait à partir de cette bâtisse située
au bord de l’océan atlantique après l’aéroport de Port-gentil. L’assassin a
avoué son crime, il est passé devant une juridiction qui l’a jugé à
Port-gentil, après sa condamnation à vingt ans, il a été évadé par les
autorités du pays. Des documents, compromettant pour le régime, que détenaient
Durelli ont disparu avec l’aide du consul général de France au Gabon. Il
semblerait que cet édifice servait au débarquement nocturne du matériel
militaire destiné à Sassou Nguesso et aussi à certains produits de contrebande.
Le consul de France à Port-gentil qui enquêtait dessus n’était peut-être pas au
courant de ses manœuvres commandités par ses chefs d’Elf.
Un assassinat pour avertissement ?
Autre
crime, autre victime, le fils Cavacas. Ce jeune homme a été froidement abattu
au volant de sa voiture en tombant sur un barrage érigé par un faux commando de
la police. C’était en fait les services secrets de la présidence de la
République. D’ailleurs ces derniers ne ratent pas une occasion pour bloquer
l’enquête qui s’éternise sur ce crime. Un message lancé à l’endroit de son
père.Mai 1994, un coup de filet de la sécurité publique (police politique du régime) arrête un contingent de cent dix sept (117) immigrés clandestins nigérians. Ces derniers sont amenés en salle de torture, on les accuse d’être des mercenaires à la solde de l’opposition pour renverser Bongo. N’obtenant pas de réponses allant dans le sens que les tortionnaires souhaitaient, les pauvres individus, femmes et enfants compris, ont étés enfermés dans un cachot étroit pour autant de personnes, et sont mortes, tous étouffées, dans les cris et les pleurs sans que cela n’affecte personne au sein du pouvoir.
Que
dire du Directeur général de COLAS, assassiné la veille de son départ définitif
du Gabon ? Un guet-apens a été tendu à cet homme grâce à une jeune
demoiselle qui a assisté à l’assassinat. La société Colas est spécialisée dans
la construction des routes. Et qui dit routes au Gabon dit argent détourné, car
90% des sommes consacrées aux routes ont étés détournés. Cet homme était
forcément au courant de toutes ces malversations.
Un «Public relation» pas sûr
Un
assassinat crapuleux à lieu un soir de 1994 au bas de l’immeuble Beyrouth au
PK6 à Libreville. La victime, Mayombo Paul, professeur de mécanique et
directeur chargé des relations internationales des relations publiques au
Ministère de l’éducation nationale. L’un des hommes de dame Missambo, puissant
ministre de Bongo à l’éducation nationale. L’auteur présumé de l’attentat est
un gépéen (membre de la garde présidentielle). Le motif apparent : ce
dernier veut s’approprier de la femme de Mayombo, pour cela il doit assassiner
l’époux. C’est ce qui se passe un soir d’avril 1994. L’histoire paraît simple
et semble être un fait banal de crime passionnel. Elle aurait pu s’arrêter là
si des témoins n’avaient pas vu ce qui s’était réellement passé. Malgré les
affirmations du gépéen qui s’accusait d’en être l’auteur (d’ailleurs vite
relâché après son prétendu forfait) les témoins ont été formels : Il
s’agissait d’un certain Matéya, profession tueur, exécuteurs des basses œuvres
du régime et affecté en embuscade à la sécurité mobile, une des polices
politiques du régime. Cet homme s’était déjà illustré dans l’assassinat de
martine Oulabou, enseignante du primaire au cours d’une manifestation
pacifique.
Le gépéen n’avait servi que de
leurre, il était d’ailleurs assis dans son véhicule avec l’épouse de la victime
au moment des faits. Malgré ses dénégations et son innocence, les parents de la
victime étant convaincus que c’était de sa faute, sont parti saccager le domicile
des parents de l’épouse ou cette dernière avait élu domicile. Le frère cadet,
également professeur, de la victime entreprends une enquête qui va l’amener à
faire des découvertes bizarres et d’être emprisonner pendant un an suite à ces
découvertes.
Le 20 février 1978, un hélicoptère Puma s’apprête à s’élever au dessus de l’aéroport de Libreville, malgré le temps exécrable. Le chef d’Etat-Major de l’armée gabonaise, le colonel Djoué Dabany (le frère de Joséphine Bongo alias Patience Dabany, elle-même mère d’Ali Bongo), vient de boucler sa ceinture de sécurité. D’après des témoins présents au décollage, une malle sans doute remplie d’argent est à ses pieds. Les quatre militaires français qui pilotent l’appareil ont fait le plan de vol pour se rendre vers Franceville, capitale du Haut-Ogooué, ville du Président. Ils doivent voler au dessus de notre mystérieuse forêt des abeilles. Djoué dabany est donc le beau-frère d’Omar Bongo mais on le sait en mauvais termes avec lui. Or des rumeurs insistantes ont rendu Bongo responsable de la mort brutale, la semaine précédente d’un certain colonel Fabien Ntountoume. Trois quarts d’heure après le décollage, l’adjudant Sudre (un français) le responsable radio du PUMA, lance un message alarmant : « moteurs en panne, nous allons nous crasher » ! Malgré les« enquêtes », on ne retrouvera jamais l’épave de l’hélicoptère. On apprît plus-tard que, deux jours avant « l’accident », un contrôle de routine avait permis de découvrir dans les réservoirs plusieurs poignées de graviers.
- Le 23 mai 1979, 6 hommes armés jusqu’aux dents, dont 3 Marocains, forcent la porte du bureau de feu maître Agondjo Okawè, doyen de la Faculté de droit de Libreville. Le bâtonnier du barreau gabonais n’est pas là. Informé, il envoie une délégation à la Présidence pour protester contre les agissements de la Garde Présidentielle (aujourd’hui Garde Républicaine). En fait, Agondjo refuse d’enter au Gouvernement pour ne pas donner sa caution au Système Bongo. Ce n’était pas la première fois qu’il était la cible des« barbouzes » du régime. En 1972, il avait été arrêté, avec d’autres professeurs et étudiants, sous prétexte d’un « complot communiste »contre l’Etat. Il passera 4 ans en prison pour rien !
- Joseph Avaro-Ambouroué, professeur d’histoire à la Faculté des Lettres de Libreville, aura moins de chance qu’Agondjo : Après avoir loué un avion à l’aéroclub de Libreville, il s’écrasera un peu plus tard sans aucune raison technique.
- Le 22 juin 1979, le français Robert Brossard et sa femme n’auront pas davantage de chance. Ce jour-là , après avoir mis les valises dans le coffre de leur Mercédès, ils auraient pu prendre la direction de l’aéroport Léon M’Ba pour rallier Paris ! Mais, à peine étaient-ils installés dans leur véhicule que celui-ci explosât. Travail de professionnels : l’explosion avait été télécommandée à distance par des mercenaires. Le capot fut projeté dans un manguier à une dizaine de mètres et tout le quartier Glass fut immédiatement bouclé par la gendarmerie. Brossard était le Président de Diesel-Gabon et aussi celui de l’Association des Français du Gabon. Il avait décidé de vendre son entreprise et s’apprêtait sans doute à aller vider son sac à secrets à Paris. Bongo, interrogé dans l’émission française « Face au Public » s’en lavât les mains : « Un Gabonais est incapable de ce genre de choses … Il a horreur de ces histoires-là … » devait-il affirmer.
- Le 6 février 1980, un avion Grumann s’écrasât à Ngaoundéré au Nord-Cameroun, à quelques centaines de mètres de la piste d’atterrissage. L’avion ultra-sophistiqué appartenait à Bongo. Le pilote était un proche parent du Président gabonais, le passager étant René Journiac, conseiller technique de Giscard pour les « affaires africaines ». On ne devait jamais savoir pourquoi et comment !
- Fin 1980, Pierre Fanguinovény mourait sur l’autoroute A6. Sa voiture, elle aussi avait été piégée. Ambassadeur itinérant de la Présidence Gabonaise, c’était une très forte personnalité. Plus ancien dans la maçonnerie que Bongo et Rawiri, Fanguinovény n’appréciait pas la manière dont était malmenée les règles de la Loge. Il se savait suivi depuis longtemps et s’en était ouvert à son entourage. Personne n’eût jamais le fin mot de cette histoire.
- Le 9 octobre 1980 (une année bien sombre !), le baroudeur français Pinaton, mourrait d’un empoisonnement au Val-de-Grâce. C’était au Gabon, le numéro 2 de la Garde présidentielle. Il avait laissé sa femme en France pour aller se battre au Biaffra (Nigéria) avec l’armée rebelle d’Ojukwu mais début 1980, écœuré par ce qu’il savait et avait vu au Gabon, il démissionnât de la Garde Présidentielle. Mais, il revint plus tard avant d’être rapatrié sur une civière, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Il n’allait pas résister à la spécialité de l’époque : « le bouillon de 11 h » autrement dit l’empoisonnement. Quel crime avait-il commis ? Une aventure sentimentale sans lendemain avec une des nièces de Bongo ? En savait-il trop sur la mort de Robert Luong une des conquêtes de Joséphine Bongo ? Mystère ! Le lieutenant-colonel Bettencourt, no 3 de la G.P. (aujourd’hui G.R.) se retrouvât d’ailleurs lui aussi au Val-de-Grâce. Mais lui en réchappât.
- En février 1982, un commando de la Garde Présidentielle mitraillât en pleine nuit deux jeunes Gabonais devant la boîte de nuit « Au son des Guitares », sur le bord de mer. Roger Onanga et André Remandafurent blessés. Roger Onanga était chef d’orchestre de la boîte de nuit de Marie-Joséphine Bongo, le « Night-Fever », et André Remanda, un Galoa de Lambaréné, était l’ami d’Onanga. Tous deux furent transportés à l’hôpital Jeanne Ebori. Madame Bongo arrivât immédiatement et dit aux responsables : « Si Onanga meurt, je vous tiens pour responsable ». Onanga était le neveu de feu le Général Nkoma, patron alors de la gendarmerie, et Remanda était le fils du maire de Lambaréné. Onanga dont les blessures étaient moins graves, fut expédié avec une partie de sa famille au Brésil, à l’abri du besoin. Remanda eut moins de chance : il eut une jambe paralysée et se retrouva à l’hôpital Henri Mondor au sud de Paris.
Cette affaire privée devint une affaire d’Etat quand Marie-Joséphine Bongo qui n’était pas encore Patience Dabany partit aux États-Unis avec un immense trésor et y menât la grande vie à Los Angeles, à tel point que le département d’Etat fit savoir à un moment aux autorités de Libreville que la sécurité de la « Première Dame » n’était plus garantie sur le territoire américain … Entre temps, Bongo qui tenait malgré tout à cette femme d’une manière irrationnelle boudait et ne travaillait plus. De Fait, la machine administrative se mit à tourner au ralenti. Le clan Assélé (du nom du frère de la Première Dame de l’époque) négociât fortement le retour de Joséphine pour 5 milliards de francs CFA (disent certains). La négociation aurait été menée tambour battant par Jérôme Okinda, un ancien tout-puissant ministre des Finances, proche conseiller de Bongo et devenu par la suite « l’évêque » d’une des nombreuses tendances du Christianisme au Gabon.
Un accord fut trouvé entre le « clan de la Première Dame » et le « clan du Président ». Il ne devait plus y avoir « d’affaires sentimentales » comme avec tel Togolais réparateur de machines à écrire, ou l’Haïtien René, ou le peintre Luong, ou encore le musicien Onanga. Joséphine revint au palais, Bongo retrouvât la joie de vivre et une certaine ardeur au travail. Sauf, que Joséphine Bongo n’avait pas abandonné l’idée de convaincre Bongo de se retirer du pouvoir pour qu’ils puissent vivre une vie normale. Si seulement elle y était parvenue, cela aurait radicalement changé l’histoire du Gabon !
[1] Pierre PEAN, Affaires africaines Editions FAYARD, Paris 1983
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