Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes
2014 s’achève. En m’adressant à vous en ce
jour, je voudrais d’abord vous souhaiter tous mes vœux les meilleurs pour l’année 2015. Je la souhaite féconde pour vos
familles et pour les personnes qui vous sont chères. Au plan national, je forme
le vœu qu’elle aboutisse à la réalisation de nos objectifs à tous. A ce propos,
j’engage tous les Gabonais à œuvrer pour la réalisation de l’alternance et pour
le départ d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir.
Je voudrais ensuite rappeler qu’en
constituant le Front le 19 juillet dernier, nous avons fait le constat de la
gravité de la situation politique, économique et sociale de notre pays. Les
mois qui se sont écoulés l’ont empirée à tel point qu’elle est désormais
bloquée.
La situation est bloquée parce qu’un jeune
étudiant a été assassiné par un pouvoir violent, sans égards pour les lois, les
libertés et la morale publiques.
Oui, notre compatriote Mboulou Beka a été assassiné par le
pouvoir, parce que celui-ci s’est abusivement servi de la force publique pour
empêcher la manifestation de la liberté d’expression et de la liberté de
réunion. Ainsi qu’il est désormais et clairement établi, la force publique a
été utilisée ce 20 décembre 2014 contre le citoyen Mboulou Beka et pour empêcher l’exercice de son droit
constitutionnel dans l’espace public.
Mboulou Beka a été assassiné par le pouvoir parce qu’il
avait entrepris de venir, ce 20 décembre 2014 dire avec des milliers de
Gabonais qu’Ali Bongo Ondimba doit
quitter le pouvoir.
Mboulou Beka a été assassiné parce que le pouvoir avait
décidé de tuer pour l’exemple dans le but de semer la peur dans le pays.
Mboulou Beka a été assassiné pour décourager d’autres
Gabonais à venir sur la place publique manifester leur désir de voir Ali Bongo
Ondimba quitter le pouvoir.
La lecture de la presse pro-gouvernementale
avant et après ces évènements, les propos des tenants de la prétendue majorité
comme le mode opératoire des forces de défense et de sécurité confirment que
les intentions du pouvoir étaient sans ambiguïté ce 20 décembre 2014.
A ce compatriote s’ajoutent d’autres
victimes dont les corps n’ont pas été
retrouvés. De nombreux témoignages établissent sans ambiguïté leur
survenance. J’insiste aussi sur le cas des disparus, c’est-à-dire ceux qui
n’ont pas regagné leur domicile après la manifestation et dont les familles
n’ont aucune nouvelle. Enfin, il y a les prisonniers faits à cette occasion
dont le nombre, minoré à dessein, ne cesse de s’accroître de l’aveu même des
forces de répression.
Par rapport à ces événements du 20
décembre, le Front réitère sa demande d’une Commission d’enquête internationale
pour faire toute la lumière sur les conséquences du déchaînement de violence
contre des manifestants aux mains nues. Il exige aussi la libération des
prisonniers politiques ainsi que la cessation de la parodie de justice à
laquelle ils sont soumis.
Le blocage de la situation politique de
notre pays résulte aussi de la négation des libertés publiques, d’une curieuse
conception de l’ordre public, de la corruption de la justice et des
institutions qui en ont la charge.
Mes chers compatriotes
Dès le 14 octobre 2009, réagissant à la
décision de la Cour Constitutionnelle relative au contentieux de l’élection
présidentielle, l’ensemble des Partis politiques de l’opposition et des
candidats à cette élection s’adressaient à la communauté nationale et au Monde
entier en ces termes : "… les décisions de la Cour constitutionnelle
achèvent le scénario d'un passage en force organisé envers et contre tout par
des esprits plus préoccupés par les intérêts particuliers que par la
consolidation de notre démocratie et la recherche de l'intérêt général…
…
Sur l'éligibilité du candidat Ali Bongo
Ondimba, la Cour, en refusant de traiter au fond cette question a
renforcé les forts soupçons qui planent sur la réelle capacité de celui-ci à
être candidat à une élection présidentielle dans notre pays. Les informations
contradictoires sur sa naissance auraient exigé de la Cour qu'elle enquêtât
pour faire la lumière sur ce problème très important et essentiel…".
Ainsi, conformément à l’article 10 alinéa 3
de la Constitution qui empêche toute personne ayant acquis la nationalité
gabonaise d’être candidat à la présidence de la République, l’Opposition
gabonaise a posé la question de l’éligibilité d’Ali Bongo Ondimba dès 2009.
Cette question a été soulevée par Luc Bengono
Nsi d’abord devant la Cour Constitutionnelle, puis devant le Tribunal de
première instance de Libreville. Dans les deux cas, la justice a refusé de dire
le droit.
Malgré ce déni de justice, Luc Bengono Nsi et les autres membres du
Front ont tout dernièrement saisi cette fois le tribunal civil afin qu’il se
prononce en droit sur ce grossier faux acte d’état civil. Cette fois encore, le
Procureur de la République a asservi la justice aux intérêts d’Ali Bongo Ondimba. Monsieur Moukagni-Iwangou a pour sa part saisi la
Haute Cour de Justice. A ce jour, il n’a reçu aucune réponse.
Pour toute réaction à la situation actuelle
du pays, l’honorable Guy Nzouba Ndama
a déposé une proposition de loi dont le but est de sanctionner la xénophobie,
le racisme et le tribalisme qui sont, à ses yeux, les principaux fléaux du
Gabon. Là encore, c’est l’Assemblée Nationale qui se trouve, une nouvelle fois,
instrumentalisée pour servir les seuls intérêts du Clan d’Ali Bongo Ondimba. Le peuple gabonais attend
la réaction de l’Assemblée Nationale en rejetant cette proposition de loi
inique.
Le Front ne se laisse pas distraire par ce
type de manœuvre. Il met au défi Ali Bongo Ondimba de faire toute la lumière
sur son état civil, pour mettre un terme à cette situation surréaliste.
La situation politique est bloquée par la
mal gouvernance dans la gestion des finances publiques notamment par les
détournements massifs des deniers publics.
De 2010 à 2014, le Gabon a disposé de plus
de ressources budgétaires qu’il n’en a eu auparavant. Cette situation
particulièrement favorable s’explique par la croissance naturelle de notre économie et le niveau exceptionnellement
élevé des cours du pétrole.
Ainsi, de 2000 à 2008, soit 9 ans, les
ressources propres cumulées du budget de l’Etat s’élèvent à 11.345 milliards de
Fcfa, soit en moyenne 1.261 milliards de Fcfa par an. De 2010 à 2014, les
ressources propres cumulées du Budget de l’Etat sont, quant à elles, de 11.908
milliards de Fcfa, soit en moyenne 2.382 milliards de Fcfa par an. Ainsi donc,
au cours des cinq dernières années, l’Etat a disposé de deux fois plus de
ressources propres qu’au cours de la décennie qui avait précédé.
Dans le même temps, de 2010 à 2014, le
Gabon a été endetté de plus de 443 milliards de Fcfa en moyenne par an.
L’encours de la dette publique est passé de 15% du Produit intérieur brut au 31
décembre 2008 à plus de 32% du Produit
intérieur brut au 30 septembre 2014. Ainsi donc, l’endettement du Gabon a été
multiplié par 2 en 5 ans. Où sont donc passés les 11.908 milliards de Fcfa de
ressources propres et les 2.218 milliards de Fcfa de ressources d’emprunt ?
Au-delà des dépenses somptuaires et
ostentatoires d’Ali Bongo Ondimba et de son clan, il apparaît ainsi clairement qu’il a orchestré le
détournement en masse des ressources financières du Gabon depuis 2009.
Mes chers compatriotes,
La situation est aussi bloquée au plan
social. L’absence de parole et le mépris des travailleurs sont ses seuls
instruments de dialogue social. Des grèves incessantes qui paralysent les services publics et des pans
entiers du secteur privé constituent les seuls moyens pour les travailleurs de
faire valoir leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de travail. A
ce jour, les universités sont fermées et gardée par les forces de sécurité.
L’Administration publique est bloquée depuis plusieurs mois et la grève a fini
par gagner tous les secteurs.
Le pouvoir, qui n’a exprimé que mépris et
n’a su répondre que par la violence aux citoyens qui réclamaient l’amélioration
des conditions d’exercice de leurs activités professionnelles, n’est plus
crédible. Les négociations succèdent aux protocoles d’accord sans aucune
évolution.
* *
Mes chers compatriotes,
Le départ d’Ali Bongo Ondimba est la
condition nécessaire au redressement de notre pays. En plus de s’être frauduleusement
imposé au pouvoir, il a fini de nous convaincre qu’il représente un danger pour
notre pays et son avenir.
Personne ne veut vivre dans une société où
la règle de droit cède la place à la loi du plus fort, où la vertu cède la
place à la corruption. Ce n’est pas de la démocratie. Ce n’est pas la République.
C’est de la tyrannie et du despotisme, même si de temps en temps on y sème une
élection truquée. Il est temps que ce style de gouvernance disparaisse.
A ce propos, nous entendons de nombreuses
voix s’élever au Gabon comme à l’étranger pour inviter la classe politique et
le corps social à un dialogue national qui éviterait à notre pays de tomber
dans le chaos, tant la crise politique, économique et sociale dans laquelle il
se trouve est grave. Nous avons lu ou entendu les déclarations des responsables
politiques se réclamant de la majorité comme de l’opposition. Nous avons
également lu les déclarations des missions diplomatiques et du représentant
spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique centrale. Enfin,
nous avons été sensibles aux fortes inquiétudes exprimées par les amis du Gabon
à l’étranger, notamment plusieurs partis politiques Français.
Le Front tient à remercier tous les auteurs
de ces manifestations d’intérêt pour la situation du Gabon. Il rappelle que
c’est Ali Bongo Ondimba qui s’est opposé à une telle occasion en utilisant les
moyens que son pouvoir usurpé lui avait octroyé pour bâillonner l’Opposition
pour l’exclure du débat public ou pour en limiter l’influence. Le Front estime
que toute solution de sortie de crise doit désormais tenir compte des
révélations renforcées qui frappent le statut d’Ali Bongo Ondimba et sa
présence au pouvoir d’illégalité. Ce statut est désormais non conforme à
l’article 10 de la Constitution. En effet, dans quel pays sérieux peut-on
accepter à sa tête un dirigeant qui, comme un magicien exhibe des pièces d’état
civil aussi fausses les unes que les autres ?
Notre objectif politique est le
développement du Gabon au service de chaque Gabonaise et de chaque Gabonais.
Sur ce point, l’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui
respectent la volonté de leurs peuples, qui gouvernent par le consentement et
non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants
que ceux qui ne le font pas. «Ce qui est fait en notre nom et sans nous est
contre nous» disait Nelson Mandela. Le Gabon notre pays ne se développera
jamais par la volonté d’un dictateur qui voudra le bien des Gabonais envers et
contre leur volonté.
D’ores et déjà nous invitons le peuple
gabonais, les leaders d’opinion, les syndicats, les organisations de la société
civile, les confessions religieuses et toutes les autres forces vives de la
nation à la mobilisation pour mettre un terme à cette situation honteuse pour
notre pays et inadmissible pour chacun de nous.
Bonne et heureuse année 2015
Vive le Gabon.
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