C'est du couple pouvoir et responsabilité dont nait la démocratie |
Dans son opus «le Roi s’amuse » publié en 1832 Victor Hugo
fait dire à Triboulet, le bouffon du Roi « Sire, je ne viens pas
redemander ma fille, quand on a plus d’honneur, on a plus de famille ». Il
y a une terrible vérité dans ce texte : quand les hommes politiques n’ont
plus d’honneur, et l’honneur ici est de servir le bien commun et la communauté
nationale, ils n’ont plus de probité morale. En effet n’ayant plus personne à
servir, ils ne peuvent que se servir.
On perçoit mieux alors le rôle fondamental de la souveraineté. Elle lie
les dirigeants à leur peuple. Elle leur confère le pouvoir mais les oblige
aussi à des responsabilités devant ce même peuple. Et c’est de ce même couple
«pouvoir- responsabilité » que nait la démocratie. C’est le sens très
profond de la souveraineté. Sens qui s’exprime de manière particulièrement
évidente dans la forme moderne prise par ce principe de souveraineté populaire.
BOA, le putschiste en chef n’est pas Triboulet et ses saillies ne font rire que
ses obligés, pas le peuple gabonais dans tous les cas. Ce qu’il faut rappeler
ici, c’est que c’est cet homme, aidé par des complicités internes et externes
au Gabon, qui a mis la souveraineté du peuple gabonais et du Gabon à l’encan.
François Hollande chef d’une Françafrique mafieuse et BOA ont volé aux gabonais
les résultats des élections du 27/08/2016. Et c’est là la racine profonde du
problème. C’est à la fois la racine saillante et évidente des multiples
scandales et du malaise social qui s’émaillent dans toutes les couches sociales
de la société gabonaise. Aucun débat, aucun dialogue ne peut occulter cet aspect.
BOA, devant son bilan catastrophique d’un septennat usurpé ne devrait
même pas se représenter, au-delà de ses problèmes administratifs. En se
maintenant au pouvoir par la force des armes, on constate la répétition des
mêmes maux, des mêmes scandales qui lassent les gabonais et le Gabon.
Notre
pays va de mal en pis. Il faut donc une dose de courage pour arrêter
l'infernale spirale de descente aux enfers. C'est pourquoi, ce blog s'essaye à
entrevoir des pistes de sortie de crise.
Il
y a quatre choses à mettre en évidence:
La
première repose sur la reconnaissance par le clan au pouvoir de la victoire de
Jean PING et la mise en place des modalités de la remise du pouvoir au
véritable vainqueur. Ce point que les tenants du pouvoir disent désormais
révolu se heurte à un écueil juridique: l'épuisement de tous les recours
juridiques. Il faudra donc concevoir une parade pour que la victoire de jean
PING soit reconnue et entérinée. L'idée d'une conférence nationale souveraine
est à ce propos, la seule structure qui soit à même d'amener à faire une
impasse sur les décisions des institutions aux ordres suivant le
principe selon lequel les accords politiques souverains prévalent sur
les iniquités et les travers juridiques quand la paix et la stabilité d'un
pays sont menacées.
La
deuxième, pour reprendre les termes de mon frangin, Jerry Pambo, part du
postulat qu'il n'y a pas eu de vainqueur ni de vaincus aux élections
présidentielles de 2016. En effet celles-ci ne se sont pas terminées, car d'une part, il y a
eu une méprise du Président de la CENAP par la retention au plan national des procès verbaux des bureaux de vote privant ainsi la plénière de compiler les résultats et de les proclamer. Le procès verbal d'un bureau de vote constitue le seul document juridiquement opposable pour etablir la réalité des urnes. Le détruire ou y faire la rétention est un crime contre la démocratie. D'autres part la cour constitutionnelle s'est inscrite dans le déni de droit par une violation de la constitution. En effet l'annulation d'une
partie des élections dans une partie de l'unique circonscription électorale
implique soit leur annulation dans toute la circonscription et la
reprise de celles-ci dans son ensemble, soit l'organisation des élections
partielles dans les circonscriptions en cause. Ce point repose sur
l'organisation des élections dans le deuxième arrondissement de Libreville et
dans le Haut-Ogooué ou la fraude manifeste a été reconnue par la communauté
nationale et internationale. Ces deux flagrantes forfaitures consacrent a elles seules le coup d'État constitutionnel. Cette violation constitutionnelle a été complété par un ordre militaire violent pour asseoir le coup d'État constitutionnel et militaire. Le processus électoral n'est donc pas arrivé à son terme. Les résultats déclarés par les candidats le sont sur la base des compilations des procès verbaux destinés à leurs représentants. Sur cette base, le pouvoir ne peut pretendre avoir le monopole de la vérité, d'autant plus que des acteurs internationaux neutres et libres ont observé ce processus électoral qu'ils ont qualifié d'opaque. Les irrégularités flagrantes dans le Haut Ogooue faisant douter de la légitimité d'Ali Bongo.
Le partage du pouvoir entre les belligérants? |
La
troisième, qui est le point d'achoppement, est la mise en place
d'une transition sur les formes et les modalités à définir. L'une d'elle est, sans que cela ne soit limitatif ou exhaustif, le partage du pouvoir pendant
un temps déterminé. Ce temps permettra de mettre en place une nouvelle
constitution validée par referendum, un nouveau cadre légal des élections, etc.
Des institutions de transitions devront être mises en place. A la fin de la
transition des élections générales devront être organisées sous supervision
internationale. De même, une commission d'indemnisation des victimes de ces violences doit être mise en place aux fins d'evaluer, de rechercher et de recenser les préjudices tant humains que matériels, causés.
La
question du partage du pouvoir pour la transition doit reposer sur un
équilibre institutionnel, qui suppose soit la mise à l'écart des deux
principaux protagonistes, et leur remplacement par un président neutre qui ne
sera candidat à aucune élection, soit la mise en place d'une gestion
collégiale du pouvoir au sommet. L'un président et l'autre vice-président avec
des pouvoirs étendus. Personne n'ayant le pouvoir de démettre l'autre durant la
transition. Le gouvernement de transition ne pourra être demi ni par le Parlement qui reste en place ni par la présidence de la République. Le Chef du gouvernement doit être choisi sur la base d'un consensus pour ses qualités de neutralité, d'homme d'État faisant passer les intérêts supérieurs du Gabon devant des considérations politiques partisanes. Ce gouvernement doit contenir aussi bien des
personnalités de la société civile que des deux camps opposés. Par ailleurs les responsables de la CENAP et de la Cour constitutionnelle doivent tous être demi de leurs fonctions, sans préjudice des poursuites ultérieures a engagé contre eux. La garde républicaine doit être dissoute, son personnel doit être répartis dans les forces de police, de gendarmerie et de défense. Une commission d'enquête indépendante sous supervision internationale, avec des pouvoirs de police doit être mise en place aux fins de déterminer les responsables des graves violations des droits de l'homme et les violences post électorales.
il faut savoir que :
1. La
formule du partage du pouvoir nous a été inspirée par Jean PING lui-même, qui
avait proposé cette voie à Morgan Tsanvanguraï face à Robert Mugabé, qu'il
avait amplement dominé.
Le partage du pouvoir avait été proposé par Jean PING à Pierre Mamboundou en 2005 |
2. Au
sortir de l'élection présidentielle de 2005, remportée par Pierre MAMBOUNDOU,
Jean PING est celui qui était allé le rencontrer à la résidence de
l'ambassadeur d'Afrique du Sud où Pierre Mamboundou s'était réfugié, pour lui proposer de
rencontrer OBO, et d'accepter un poste de Vice-président, autrement dit, de partager
le pouvoir avec celui qu'il avait battu.
Ce rappel
démontre que les arguments selon lesquels un partage de pouvoir n’est pas
envisageable par Jean PING n’est en définitive qu’une fuite en avant devant des
responsabilités.
Le
partage du pouvoir est la question en
débat, qu'il sera difficile d'esquiver plus longtemps. Cette question nous
commande de pourvoir, d'une part, à la nécessité de garantir la continuité dans
la mission exécutive de l'Etat, d'autre part, à l'exigence de ne pas abandonner
la réécriture des procédures à la seule convenance des gens du pouvoir.
La force des arguments plutôt que l'argument de la force. |
La
quatrième chose est l'insurrection populaire comme au Burkina Faso ou l'insurrection militaire armée
pour renverser le rapport des forces. Nous avons vu nos limites et la
détermination avec laquelle le régime a refroidis plusieurs de nos
compatriotes. Dans cette optique, ce blog vous fais remarquer que ceux qui ont les
moyens n'ont pas le courage, la détermination nécessaire pour y aller. Ceux qui
sont déterminés à en découdre par les armes, n'ont pas les moyens pour y aller.
Puisque personne ne viendra libérer notre pays à notre place, il faut user de
l'intelligence avec les seuls moyens que nous avons, notre cerveau et nos
mains. Ce blog préfère l'option de la force des arguments, à l'argument
de la force. C’est pourquoi il nous appartient tous de formuler l'hypothèse qui doit
présider à la conduite de la transition.
Ces quatre
choses, supposent des négociations avec l'autre camp sous supervision des
acteurs internationaux neutres. Il ne sert à rien de s'arque-bouter sur des options et des positions non tenables au fil du temps. Tous les conflits naissent et finissent
toujours sur la table des négociations. Ce n'est pas de gaité de cœur que l'on
doit accepter l'inacceptable, mais c'est ayant en esprit que le Gabon compte
plus que nos orgueils et nos égocentrismes respectifs. Les sanctions
internationales ne feront pas partir le tyran. Le cas du Togo est symptomatique
à cet égard. En effet ce régime est sous sanctions internationales depuis
plusieurs années mais continu à subsister malgré tout.
Il faut
avoir du courage pour regarder la vérité en face et l'exprimer. Ce blog ne sera jamais accusé de faire la courte échelle au régime criminel intégré des Ondimba. Il n'aime pas
ce régime qu'il honni depuis sa fondation, mais si c'est une voie pour le faire
chuter, il est prêt à explorer ces quatre voies.
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