mercredi 28 janvier 2015


MOUKAGNI-IWANGOU
Citoyen Gabonais

Libreville le 28 janvier 2015
POURQUOI ?

 Pourquoi j'irai à l'Assemblée Nationale jeudi?

1.   Parce que j'ai saisi la Haute Cour de Justice

2. Parce que, à partir de ce moment, l'Assemblée Nationale doit ensuite désigner
      en son sein, 3 Députés devant composer la juridiction de jugement.

3. Parce que je vais déposer un courrier à Monsieur le Président pour lui rappeler
      ses obligations constitutionnelles, qu'il est tenu de respecter, sous peine
     d'assumer la rupture du Pacte Républicain devant la Nation.

Pourquoi j'irai au Sénat jeudi?

1.     Parce que j'ai saisi la Haute Cour de Justice

2. Parce que, à partir de ce moment, le Sénat doit aussi désigner en
        son sein, 3 Sénateurs devant composer la juridiction de jugement.

3. Parce que je vais déposer un courrier à Monsieur le Président pour lui rappeler
      ses obligations constitutionnelles, qu'il est tenu de respecter, sous peine
      d'assumer la rupture du Pacte Républicain devant la Nation.

Pourquoi j'irai la Primature jeudi?

1.  Parce que j'ai saisi la Haute Cour de Justice

2. Parce que le Parlement doit être convoqué pour voter la mise en accusation du
      Chef de l'Etat

3. Parce que, pendant l'intersession parlementaire, le Premier Ministre est autorisé
      à convoquer le Parlement.

4. Parce que je vais déposer un courrier à Monsieur le Premier Ministre pour lui
       rappeler ses obligations constitutionnelles, qu'il est tenu de respecter, sous peine
      d'assumer la rupture du Pacte Républicain devant la Nation.

 
PARCE QUE LE GABON QUI PROCLAME A LA FACE DU MONDE QU'IL EST UN ETAT DE DROIT, DOIT LE PROUVER DEVANT LA COMMUNAUTE NATIONALE ET INTERNATIONALE.

 MOUKAGNI-IWANGOU

dimanche 25 janvier 2015

Gabon: Communiqué final de la réunion du BE de l'UPG




Bureau Exécutif
 
        
UNION DU PEUPLE GABONAIS
 
                                         
Communiqué Final de la Réunion du Bureau Exécutif N°002/RBE/SG/2015
Le Bureau Exécutif s’est réuni sous la présidence de Monsieur MOUKAGNI-IWANGOU, Président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), ce samedi 24 janvier 2015 à partir de 10 heures, à sa permanence sise au Quartier Glass.

A l’ouverture des travaux, le Président a informé les membres du Conseil, de la cyber attaque dont a fait l’objet l’Union du Peuple Gabonais. Cette attaque qui a nécessité  des mesures urgentes, a conduit à différer la publication du Communiqué final ayant sanctionné les travaux du Conseil du Bureau Exécutif du 17 janvier 2015, et à refondre les conclusions y relatives dans le communiqué final de ce jour.

Le recours à cette méthode, qui s’ajoute à l’interdiction d’accès aux médias de service public, indique de manière non équivoque, la préoccupation du Gouvernement devant la portée grandissante du discours de l’UPG dans l’opinion, et surtout, marque à la face du monde son inclination naturelle et résolue contre la liberté d’expression.

En réaction, le Conseil a marqué sa vive désapprobation devant cette manœuvre du Pouvoir, et pris à témoin la communauté internationale sur le véritable sens à donner à la présence de Monsieur Ali BONGO ONDIMBA à Paris, qui cherche de par le monde, toutes les tribunes lui permettant simplement de s’afficher autour des slogans démocratiques, et faire illusion de son attachement à des valeurs, qu’il viole dans sa pratique quotidienne et effective du Pouvoir.

A ce propos, le Conseil a adressé ses félicitations au Président de l’Union du Peuple Gabonais, pour la qualité de son droit de réponse adressé à Monsieur le Ministre de l’Intérieur, lequel droit de réponse a édifié l’opinion sur le régime des réunions publiques en République Gabonaise, et mis en lumière les dérives du Pouvoir, érigées en système dans la violation de la loi.

Terminant sur ce sujet, le Conseil a exprimé sa vive préoccupation devant le parti pris de Monsieur le Ministre de l’Intérieur dans le processus des élections présidentielles de 2016, pour lesquelles, il a déjà pris fait et cause pour un candidat, et par cela seul, créé en sa personne, une difficulté dirimante à la poursuite de sa charge.

Pour conclure son propos introductif, le Président de l’Union du Peuple Gabonais, a réaffirmé son appel à l’unité et à une  forte mobilisation au sein du parti.

Passant à l’examen des points inscrits à l’ordre du jour, le Conseil a délibéré ainsi qu’il suit :

Premier Secrétariat politique, chargé de la Coordination sectorielle de la province de l’Estuaire :

Le Conseil a adressé ses vives félicitations à Monsieur le Secrétaire politique adjoint délégué auprès du Premier Secrétaire politique, chargé de la restructuration et de la coordination fédérale de la province de l’Estuaire, pour la mise en  place du Bureau de la fédération U.P.G. Estuaire ouest, placé sous la direction de Monsieur Wilfried WORA, qui va désormais avoir juridiction sur la ville de Libreville au terme de la réforme adoptée par le Conseil.

Désormais installé dans ses fonctions, ce Bureau a été invité à engager sans délai l’immense  travail de terrain, qui consistera à remobiliser les militantes et militants autour des idéaux du Parti, tels qu’ils ont été fixés par son fondateur, Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU autour des valeurs d’unité, de responsabilité et de dignité.

Premier Secrétariat Politique chargé de la Défense et de la Sécurité :

Sur communication du Premier Secrétaire politique chargé de la Défense et de la Sécurité, le Conseil du Bureau Exécutif de l’Union du Peuple Gabonais a été informé de la tentative d’assassinat de Monsieur Jean PING.

Sous la houlette de près de trois cents jeunes, transportés dans les environs de la résidence de ce dernier, de graves actes de vandalisme y ont été perpétrés, sous  le regard impassible et indifférent des forces de l’ordre,  étrangement stationnées non loin des lieux à ce moment précis.

Neutralisés par les partisans du Front et par des citoyens de bonne foi, appelés d’urgence ou spontanément accourus, des jeunes de ce groupe ont avoué avoir agi sur instructions de personnalités proches du Pouvoir.

Le Conseil s’est dit consterné et choqué par de telles pratiques qui constituent de graves attentats à l’intégrité physique des personnalités de l’opposition, en même temps qu’il constate avec tristesse et gravité, que l’intimidation et la terreur semblent avoir été inscrites comme mode opératoire dans l’agenda du régime.

Devant les enquêtes ouvertes, à l’appel de Monsieur Jean PING lui-même, le Conseil exige que toute la lumière soit faite autour des questionnements pertinents, qui mettent à l’index le Pouvoir, ses agents, et surtout, le rôle de la Gendarmerie nationale.

Premier Secrétariat politique adjoint chargé des relations extérieures :

Sur communication du Premier Secrétaire politique adjoint chargé des Relations extérieures, le Conseil du Bureau Exécutif de l’Union du Peuple Gabonais a été informé de la position des Etats-Unis d’Amérique sur le respect scrupuleux du mandat et des voies démocratiques et, de ce fait, sur sa condamnation de tout acte qui conduirait à des changements  par des voies extraconstitutionnelles, insurrectionnelles ou violentes.

Avant toute choses, le Conseil du Bureau Exécutif de l’Union du Peuple Gabonais s’est d’abord remémoré avec gratitude du rôle déterminant joué par les Etats-Unis d’Amérique à l’égard de son défunt président Pierre Mamboundou Mamboundou face à la tentative avérée d’assassinat dont il fut la cible, par le pouvoir toujours en place aujourd’hui.

Marquant son attachement au respect de la constitution, le Conseil a tenu à rappeler que la procédure en destitution d’Ali Bongo Ondimba intentée par l’UPG devant la haute cours de justice n’est que l’autre expression de l’impeachment prévu à l’article 2 de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, qui a été appliqué à l’encontre de Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998, et qui a emporté Richard Nixon en 1974.

Le conseil du bureau exécutif se félicite de la convergence de vue entre son action en destitution et la pratique éprouvée aux Etats-Unis d’Amérique.

En conséquence de ce qui précède, le conseil sollicite l’accompagnement de madame l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique dans la compréhension par l’opinion internationale de la procédure engagée par l’UPG contre Ali Bongo Ondimba, fondée sur son acte de naissance, conforme à tous points de vue à celle envisagée contre le président Barack Obama sur sa naissance sur le  territoire américain, avant que ce dernier ne se résolve à présenter sa pièce d’état civil, confirmant Hawaï comme son lieu de naissance et levant tous les doutes et spéculations sur cette question.

Premier secrétariat politique en  charge des relations avec les syndicats :

Sur communication du premier secrétaire politique intérimaire, le conseil a été informé de la convocation de l’Assemblée Générale de l’intersyndicale « Dynamique Unitaire »  prévue ce samedi 24 Janvier 2015.

En saluant les conclusions heureuses sur le dialogue social, autour desquelles les syndicats devaient échanger, le conseil marque sa surprise devant le traitement réservé à ces derniers, refoulés sans ménagement par la force publique des lieux devant accueillir la réunion sur  des questions engageant désormais de manière définitive le Gouvernement.

Face à cette violation flagrante de l’exercice libre des réunions syndicales, le Conseil du Bureau Exécutif dénonce avec véhémence la dictature insidieuse qui s’est installée progressivement depuis 2009, en même temps qu’il condamne la fuite en avant du Gouvernement dans la mise en exécution des engagements pris solennellement par le chef de l’exécutif dans son discours à la nation du 31 Décembre 2014 en ces termes :
«  sans attendre les conclusions qui me seront présentées, j’ai engagé le Gouvernement à mener des réformes visant à mettre en place, à partir de Janvier 2015, un nouveau système de gestion de l’agent public, un nouveau système de rémunération de l’agent de l’état ».

Secrétariat politique à la Justice :

Sur communication du Secrétaire politique à la Justice, le Conseil du Bureau Exécutif de l’Union du Peuple Gabonais a été informé du compte rendu du verdict des délibérations du procès des prévenus du meeting empêché de Rio du 20 décembre 2014.

Le Conseil s’est réjoui de la relaxe pure et simple de la quasi-totalité des prévenus, qui atteste de la faiblesse du dossier de l’accusation, en même temps qu’il s’est félicité  de l’implication du parti, par l’action de son Président, dans la coordination de la stratégie de la défense adoptée par les avocats.

Par ailleurs, le Conseil interpelle l’opinion nationale et internationale sur la problématique du mandat de dépôt relevant des prérogatives des Parquets, dont la subordination au Gouvernement offre toute la latitude au Pouvoir, sous le couvert de la loi, de régler des comptes et d’exercer l’oppression contre l’opposition.

Dans cet esprit, le Conseil appelle à une large réflexion sur la redéfinition des missions du Parquet, et au réajustement des prérogatives des magistrats du siège, seuls garants de l’indépendance du Pouvoir judiciaire, et à ce titre, seuls à même à se prononcer sans entrave de la moindre sujétion, sur des mesures restrictives de liberté.

L’ordre du jour étant  épuisé, la séance a été levée à 17h15 minutes.

Fait à Libreville, le 24 janvier 2015

Le Premier Secrétaire Politique Adjoint


Roger AGONDJOT

 

mercredi 21 janvier 2015

Evènements criminels des nazi-emergents du 20 décembre; Réponse de Moukagni-Iwangou à Mapangou







Meeting du 20 décembre : Réponse de Moukagni-Iwangou à Guy Bertrand Mapangou

Indexé par le ministre de l’Intérieur dans une mise au point, le 11 janvier dernier dans le quotidien L’union, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, président de l’UPG Loyaliste, dont la thèse selon laquelle le meeting du 20 décembre 2014 n’a jamais été interdit, n’a pu jouir du droit de réponse qu’il a excipé. Il s’est tourné vers Gabonreview qui a également relayé la sortie concernée de Guy Bertrand Mapangou. Ci-après, l’intégralité de sa réplique.

Jean de Dieu Moukagni-Iwangou. © D.R.
 
Droit de réponse à Moukagni-Iwangou
Pour donner le change à notre affirmation selon laquelle, le meeting du 20 décembre 2014 n’a jamais été interdit, le Ministre de l’intérieur, Monsieur Guy Bertrand Mapangou a publié une mise au point dans le journal l’Union Magazine du samedi 10 janvier 2015.
Dans un texte qui aurait gagné à s’inscrire sur le terrain de la pertinence pour retourner une opinion suffisamment édifiée sur la question, Monsieur le Ministre a affiché le verbe haut, pour fustiger « Une méconnaissance criarde  du Code Pénal », et tenu un ton péremptoire pour réclamer « la responsabilité et (la) compétence du Ministre de l’Intérieur » dans la matière relative à l’organisation des réunions publiques.
Avec cette posture, Monsieur Mapangou s’est engagé dans une aventure risquée, qui donnera plutôt à tous ceux qui font leur marché politique sur le terreau fertile de la déduction, les moyens nécessaires et suffisants d’affirmer que le régime en place au Gabon est en totale délicatesse avec la loi.
Présenté par Monsieur le Ministre comme le « conseiller » d’une procédure présumée maladroite, j’ai décidé d’exercer le présent droit de réponse. Mis à la disposition du journal l’union, selon ce que les bonnes pratiques démocratiques commandent, le présent texte est mis à la disposition de tous par tout moyen.
J’ai décidé de le faire d’abord, pour retracer pas à pas, la procédure prévue par la législation en vigueur sur le régime des réunions publiques en république gabonaise, de sorte à offrir à l’opinion, des éléments d’appréciation opposables aux versions à venir qui ne manqueront pas de lui être servies.
J’ai décidé de le faire ensuite, pour montrer à Monsieur le Ministre que, s’immisçant dans une mission relevant du juge, son interprétation de la loi, si avantageuse à son propre égard, ne peut lui conférer le moindre droit opposable dans une matière parfaitement réglée par le législateur.
J’ai décidé de le faire par ailleurs, pour relever avec gravité, toute la confusion qui préside dans le partage des missions au sein d’un département régalien de l’Etat, celui du Ministère de l’intérieur.
J’ai décidé de le faire enfin, pour montrer en fait d’agenda, que celui de Monsieur le Ministre a valu au Peuple la lourde addition payée le 20 décembre 2014.
La procédure en vigueur sur les réunions publiques
C’est la loi n°48/60 du 8 juin 1960 qui en est la base juridique.
Au plan historique, c’est une œuvre qui porte le contreseing de Léon Mba le Premier Ministre, et d’Edouard Duhaut le Ministre de l’intérieur à cette époque.
Au plan quantitatif, cette codification comporte quatorze articles, rédigés selon un ordonnancement débarrassé des chapitres, des sections et des paragraphes, qui sont perçus dans l’approche légistique dominante aujourd’hui, comme des facteurs qui déroutent et rebutent les usagers de la loi.
Au plan qualitatif, la loi 48/60 consacre principalement quatre enseignements, que tout citoyen, en commençant par les gouvernants, doivent savoir.
Le premier enseignement, qui fixe l’esprit de la loi, nous instruit à l’article 2, que les réunions publiques sont libres en République gabonaise.
Le deuxième enseignement, qui porte sur les conditions d’organisation, invite les organisateurs à effectuer une Déclaration préalable permettant de renseigner les autorités compétentes sur leurs identités, sur la date de l’évènement, sur le lieu choisi et sur l’objet de la manifestation. Cet enseignement est relevé à l’article 5 de la loi.
Le troisième enseignement, arrêté à l’article 6 de la loi, précise les autorités destinataires de la Déclaration préalable. Il s’agit des Maires, là où existe une Mairie.
Le quatrième enseignement, objet de l’article 9 de la loi, nous informe que les réunions publiques sont susceptibles d’être interdites par l’autorité compétente, si leur tenue est de nature à troubler l’ordre public.
A ce propos, l’interdiction édictée par la loi doit être actée dans une décision motivée. Cette décision motivée doit immédiatement être notifiée aux organisateurs. Cette décision motivée doit être transmise au Préfet, qui dispose du pouvoir de confirmer ou de rapporter ladite interdiction.
Ainsi donc chacun n’aura aucune peine à comprendre, que toute décision prise par une personne n’ayant pas qualité à agir est réputée ne pas avoir d’existence en droit. Fort de ce qui précède, il suit donc, que ni le communiqué de presse publié, ni la lettre rédigée mais demeurée dans les parapheurs du Ministre de l’intérieur ne peuvent être opposables à quiconque.
Dès cet instant, je persiste et je signe. Le meeting du 20 décembre 2014 n’a jamais été interdit.
Le pouvoir d’interprétation de la loi
Monsieur le Ministre de l’intérieur affirme sa compétence à se prononcer sur les Déclarations préalables sur la base d’une interprétation par lui faite de la loi.
Pour notre gouverne à tous, il n’est pas sans intérêt de rappeler les fondements de la République.
Organisée autour du principe de la séparation des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, la république gabonaise a confié de manière exclusive aux juridictions suprêmes que sont la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’état et la cour des comptes, chacune dans le cadre de ses compétences matérielles, le pouvoir d’assurer l’unité d’interprétation de la règle de droit, le tout, sans rien diminuer au mérite d’un ministre.
C’est pourquoi, en s’immisçant dans le rôle de juge, et en interprétant de manière généreuse la loi à son propre et seul avantage, Monsieur le Ministre ne peut valablement s’octroyer des prérogatives sur l’argument tiré de la faiblesse de la loi, qu’aucun juge dûment saisi n’aura constatée.
La confusion dans un département régalien
Monsieur le Ministre de l’intérieur affirme sa compétence à se prononcer sur les Déclarations préalables, au double motif pris de ce que, d’une part, Libreville est le siège de l’Etat, d’autre part, qu’il est érigé en plusieurs arrondissements ne permettant pas de déterminer la commune compétente en cas de marche traversant plusieurs arrondissements.
En écrivant les lignes qui vont suivre, je suis traversé par un sentiment de tristesse mêlée de gravité.
A propos de tristesse, le bon sens commande de retenir qu’en vertu du principe de la continuité, Monsieur le Ministre de l’intérieur est le rédacteur de la loi 48/60 du 8 juin 1960 sur les réunions publiques.
Au nom du critère de l’utilité, Monsieur le Ministre de l’intérieur est le dépositaire de cette loi, dont il assure la bonne applicabilité en toutes circonstances.
En ayant conservé depuis 54 ans cette loi tel quel, alors qu’il a charge et mission de l’adapter aux évolutions sociales et sociétales, l’allégation d’une difficulté d’applicabilité consécutive à l’érection des arrondissements dans la ville de Libreville, me parait comme un triste et malheureux recours aux expédients. Cela est d’autant plus irrecevable que Monsieur le Ministre qui n’a jamais trouvé l’utilité du plus petit toilettage de la loi, ne peut valablement se prévaloir de sa propre turpitude.
Et lorsque l’on sait que la presque totalité des communes du Gabon comporte des arrondissements, l’argument évoqué viendrait simplement à dessaisir l’administration locale, déconcentrée et décentralisée, d’une prérogative qui leur a été confiée par une loi qui n’a jamais été abrogée, même partiellement.
A propos de gravité, la situation tient d’abord à l’incertitude juridique.
Pour s’aménager un droit d’examen des déclarations préalables, Monsieur le Ministre de l’intérieur a fait valoir le décret n° 0154 fixant les attributions de son Département, dont l’article 1er lui confierait, noir sur blanc, le droit « de recevoir les déclarations afférentes à la tenue des réunions publiques… ».
En remerciant monsieur le Ministre de m’en procurer copie, il se trouve que toutes les recherches engagées par mes soins, y compris avec le concours des services compétents du journal officiel de la république gabonaise, ne m’ont pas permis de trouver ce texte réglementaire.
Devant cette incertitude matérielle, j’ai entrepris de le retracer à partir des visas référencés dans les actes réglementaires pris par le Ministère de l’intérieur. Peine perdue, ce texte fondateur n’est visé, y compris par le Ministre lui-même, dans aucun acte du Département.
En l’état actuel de mes recherches, je me permets d’affirmer que le décret n° 0154 n’existe nulle part, toutes choses qui mettent en équation l’affirmation de Monsieur le Ministre.
En l’état actuel de mes recherches, les seuls textes réglementaires vérifiables et vérifiés, qui portent attributions et organisation du Ministère de l’intérieur, de la sécurité publique, de l’immigration et de la décentralisation, sont, le décret 269/PR/MI du 9 mars 1976, abrogé en toutes ses dispositions par le décret 192/PR/MISPID du 22 mai 2012, lui-même partiellement abrogé le 28 février 2013 par le décret 333/PR/MISPID.
Sur cet existant, notamment le décret 192 du 22 mai 2012 dont les dispositions régissent le fonctionnement du Ministère de l’intérieur, la gravité de la situation tient ensuite à l’instabilité juridique, en ce que ce décret autorise bien au Ministère de l’intérieur « de recevoir les déclarations afférentes à la tenue des réunions publiques… ».
Dans le commerce juridique, plusieurs institutions sont concurremment investies du pouvoir de produire des normes, ce qui rend légion, les situations de conflits des lois dans le temps et dans l’espace, encore et surtout, lorsqu’aucun cadre de concertation ne les rapproche.
En rappelant que la loi 48/60 autant que le décret 192 sont tous les deux des textes conçus et élaborés par le Ministère de l’intérieur, l’on ne comprend que très mal, ce conflit entretenu entre la loi 48/60, la norme supérieure qui en impose au profit du Maire, et le décret 192, la norme inférieure qui plie toujours et doit plier aux détriments de Monsieur le Ministre.
Ecartelé entre le souci de garantir un minimum de cohérence dans sa production normative, et la volonté de s’inviter dans un débat que tout destine aux communes, le Ministre doit se contenter d’un consensus minimum avec lui-même.
En voulant tout ramener à lui, sans avoir l’habilitation de sa propre loi, le Ministre risque d’annihiler l’efficacité de la loi.
Pour revenir utilement à la bonne règle, il faut rappeler qu’en déconcentrant ses services, l’état rapproche l’administration de l’administré, et de la sorte, garantit la disponibilité de l’offre des services publics aux demandes de proximité.
A partir de cet instant, comment comprendre, et quelle logique recherche un tel décret, qui obligerait les organisateurs établis à Aboumi ou à Ndindi à venir jusqu’à Libreville, simplement pour déposer leurs déclarations à Monsieur le Ministre, et être conforme à l’article 2 du décret n°192, alors que leurs mairies respectives sont seules compétentes à y donner suite aux termes des articles 5, 6 et 9 de la loi n°48/60 ?
Avec une telle gouvernance, qui planifie la difficulté là où la tendance générale insufflée dans les grandes démocraties est à la simplification, le Ministère de l’intérieur n’a pas son pareil pour couper les cheveux en quatre.
Mais le comble du comble reste à venir !
En instituant par décret, une obligation de dépôt des déclarations préalables des réunions publiques au Ministre, dans un contexte légal qui attribue aux Maires le pouvoir d’y donner suite, le Ministre de l’intérieur créé une véritable hérésie dans l’application de la loi 20/2005 fixant les règles qui organisent les services de l’état.
Dans l’ordonnancement des services publics de l’état, qui distingue les unités de la ligne hiérarchique au sommet desquelles se trouve l’autorité de tutelle, des unités de la ligne fonctionnelle qui lui confie toutes les missions directionnelles, l’article 2 du décret 192 qui confine la tutelle dans le rôle de simple centre d’enregistrement pour le compte des mairies, dévoile simplement le niveau de décomposition institutionnelle que nous avons atteint au Gabon.
Avec une telle copie, le « hors sujet » que nous a infligé Monsieur le Ministre, la saillie sur la « méconnaissance criarde  du Code Pénal », l’anathème sur l’inutilité du « débat sur l’acceptation ou l’interdiction de la manifestation de l’opposition par le Ministre de l’Intérieur, (qui) n’a plus lieu d’être dès lors que l’affaire (est désormais) pendante devant le tribunal» sonnent comme des rodomontades qui prêtent à sourire, et renvoient simplement à Simone de Beauvoir dans une réflexion qui nous enseigne que « la parole ne représente parfois qu’une manière, plus adroite que le silence, de se taire ».
Le parti pris comme agenda de travail
Dénonçant l’agenda supposé du Front, par référence au sien qu’il croit parfaitement protéger, il est notoirement connu que Monsieur le Ministre s’est assigné pour mission de protéger son candidat à l’élection présidentielle de 2016.
Caché derrière son petit doigt, il a ouvert cet agenda lorsque, sans bénéfice de la moindre retenue, il a appelé à la candidature d’Ali Bongo Ondimba et délié sa bourse pour participer au règlement de la caution y relative, alors que les obligations de sa charge lui commandent la plus grande impartialité à l’égard de tous, dans la matière électorale dans laquelle il est investi de huit missions essentielles.
Affranchi de toute réserve éthique, protégé de toute interpellation d’un Parlement monocolore, couvert par le silence du Premier Ministre et encouragé par le Distingué camarade, Monsieur Mapangou qui navigue en roue libre a édifié tout le monde sur le fait qu’après une telle sortie, il n’y aura aucun scrupule suffisant pour l’empêcher de mettre les moyens institutionnels en sa disposition, au bénéfice de son candidat.
Et lorsque l’on sait que l’article 2 du décret portant attributions et organisation de son département sectoriel, lui confère le droit d’annoncer la victoire des candidats aux élections politiques, la boucle est bouclée d’avance. Et c’est justement au nom de ce dispositif, déjà en place, que le régime appelle avec hardiesse à attendre l’échéance électorale de 2016.
Libéré de l’obligation de réserve dans la position privilégiée qui est la sienne, et obligé par lui-même à travailler pour le triomphe d’Ali Bongo Ondimba, Monsieur Mapangou s’est automatiquement saisi du parti pris comme instrument de travail pour protéger, à défaut de promouvoir, son candidat.
Cet agenda, improbable dans une République respectueuse de l’équité, et intenable dans une démocratie soucieuse de faire parler le pluralisme, ont inexorablement conduit à la faute de trop.
Cette posture de toutes les dérives, se trouve être malheureusement à la base du scandale du 20 décembre 2014, où les armes de la république ont été sortis contre des citoyens aux mains nues ayant décidé d’exercer une liberté publique, celle d’aller et venir.
Et cela, aucun stylo et aucune encre ne pourront, par la magie des pleins et des déliés, réussir à effacer dans les esprits et dans les corps, l’œuvre des bâtons et des canons, sortis ce jour-là, pour frapper et abattre le Peuple, au nom de la défense du sort d’un candidat. Parce que c’est de cela dont il était question !
Au sortir de notre analyse, tout le monde aura compris que dans ce jeu d’ombres, Monsieur le Ministre de l’intérieur qui n’a aucune prérogative dans la procédure d’organisation des réunions publiques, cherche par les moyens en sa disposition, à étendre le déni de démocratie, déjà installé dans les média de service public, pour le bien de son candidat.
Moukagni-Iwangou