Mesdames, messieurs,
Chers compatriotes,
Mesdames, messieurs,
Sur
le mérite d’un audit réalisé par la Cour des comptes sur les fêtes tournantes,
plusieurs hauts cadres de notre administration ont fait l’objet d’une interpellation
ayant débouché sur des mesures de détention préventive, et Monsieur le Premier
Ministre Jean EYEGHE NDONG a fait l’objet d’une audition, dont nul ne peut
présager des suites.
Mieux que toutes les démonstrations savantes, la
guerre désormais déclarée entre Ali BONGO ONDIMBA et Jean EYEGHE NDONG en vertu
des actes posés dans l’exercice de leurs charges institutionnelles respectives,
ouvre d’abord et avant tout, le véritable procès du régime de la Rénovation,
qui étale de la manière la plus emblématique à la face du monde, un instantané
saisissant du mal développement infligé à notre pays depuis plus de cinquante
ans aujourd’hui.
Chers
compatriotes,
Parce que les usages politiques invitent ses
acteurs à prendre date avec l’histoire, j’ai choisi la ville de Port-Gentil,
capitale économique de ce pays, si riche de ses potentialités et si pauvre de
sa gouvernance, pour répondre aux messages lancés par le Chef de l’Exécutif et par
le Chef du Gouvernement.
Globalement à l’un et l’autre, en compétition pour
la conquête de l’opinion, je dis, que de la même manière, la recherche de la
vérité ne peut en aucun cas être blâmable, de la même manière, nous avons la
faiblesse de penser que la production de la vérité, de toute la vérité et rien
que la vérité, ne peut se suffire d’une simple menace.
Chers Excellences, restituées dans ces termes, vos
actions respectives ont la garantie de mon soutien.
Et comme il n’est point d’éloges flatteurs sans
liberté de blâmer, vos démarches respectives appellent respectivement les
observations qui vont suivre.
Monsieur le
Chef de l’Exécutif,
Le devoir de vérité me commande
de vous présenter mes félicitations, pour cet engagement pour la vérité, en
formulant à l’endroit des juges dont vous garantissez l’indépendance, en votre
qualité du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, la complainte d’avoir
à respecter le plus scrupuleusement du monde, aussi bien la présomption
d’innocence que le droit à un procès équitable, dont je suis le premier à avoir
fait les frais de leur violation.
En vous adressant ces
félicitations, le devoir de mémoire m’incline, en toute humilité, à vous dire
aussi, que votre invitation lancée à tous d’avoir à e vous suivre ne trouvera
pas écho chez nous, simplement parce que le privilège que Pierre MAMBOUNDOU m’a
accordé d’approcher au plus près de son œuvre me commande de témoigner devant
la postérité, pour dire, sans vous faire offense, que c’est vous qui opérez un
rapprochement objectif avec un combat totalement dédié à la moralisation de la
vie publique.
Parce que les faits parlent pour
nous, l’évocation des lois sur la biométrie, sur la haute cour de justice, le
combat acharné contre la privatisation de Gabon Télécom et de Air Gabon, qui
ont conduits votre régime à passer par pertes et profits des instruments de
souveraineté, offre la plus belle illustration qui montre, par l’exemple, que
pendant 25 ans, nous nous sommes battus contre votre camp, contre votre
système, pour la transparence des procédures et la bonne gouvernance.
Maintenant que vous nous rejoignez, avec l’espoir que ce
soit de manière définitive et non feinte, nous disons que l’arbre des fêtes
tournantes ne doit pas servir de prétexte pour cacher la forêt des turpitudes
de votre régime, que nous vous encourageons à défricher dans sa totalité.
En vous formulant d’entrée une complainte à l’endroit des
juges, dont vous assurez l’indépendance alors que vous êtes partie à ce débat
pour l’éclosion de la vérité, j’entends poser un questionnement essentiel, qui
porte sur l’égalité des citoyens, de tous les citoyens devant la loi, selon
qu’elle condamne ou qu’elle protège.
Au risque de vous déplaire, j’entends vous signifier, que
la république vertueuse que nous appelons de tous nos vœux, nous invite à nous
libérer des belles formules, et à placer les questions d’éthique au centre de
notre pratique politique et institutionnelle, parce que c’est à cette condition
que nous allons redonner de la valeur à la parole politique, et mieux encore,
c’est à cette seule condition que nous allons restaurer l’autorité de l’Etat.
Monsieur le
Président,
En mettant ainsi en lumière le
statut du juge devant l’histoire de la justice, le devoir de vérité montre
qu’en sa qualité de mandataire du souverain, tout délégué ne peut prendre le
risque d’une quelconque émancipation d’avec le pouvoir politique qu’à peine de
forfaiture.
C’est pourquoi prête à sourire,
l’argument bon marché de l’indépendance de la justice agité en épouvantail,
sous la férule de l’article 66 de notre constitution.
A l’école de la rigueur, qui
invite à se démarquer de la beauté des mots pour aller rechercher la vérité des
mots, le bon sens qui est la chose la mieux partagée montre que, interprétée à
l’intention des nuls, l’indépendance du pouvoir judiciaire est une formule bien
élégante qui revient à affirmer de manière péremptoire, que lorsque la chance fait la grâce à un juge
d’être nommé par le chef de l’Etat qui dispose du pouvoir de le révoquer à tout
moment, ce magistrat puisse disposer en sa personne des moyens de son
indépendance face au Pouvoir d’Etat.
Non seulement cette affirmation
est une pure vue de l’esprit, mais plus encore, elle montre que l’indépendance
du pouvoir judiciaire est un combat personnel et quotidien du juge, qui, à
force d’indépendance, l’éloigne chaque jour de l’estime du pouvoir politique.
Chers compatriotes,
C’est ici le lieu de rendre
hommage à ces juges rebelles, installés dans le sort du bénitier, c'est-à-dire loin
du cœur mais toujours près de la porte dans le sens de la sortie.
C’est ici le lieu de saluer ces
juges justes, qui, au péril de leurs carrières, distribuent la raison et
attribuent le tort selon ce que les faits commandent, et non pour plaire aux
convenances du prince.
C’est ici le lieu d’appeler à la
protection de cette espèce rare de juges, en voie de disparition certaine si le
Peuple au nom duquel ils rendent cette justice n’y prend garde.
Monsieur le
Président,
A cette occurrence-là, le recours à la justice prend
toutes les allures d’une démarche républicaine bien adroite, d’autant que l’on
peut formuler les plus expresses réserves à l’endroit de la justice financière.
Sans vouloir absoudre qui que ce soit dans une procédure
qui commande que la vérité soit faite, l’on peut en toute légitimité
s’interroger sur l’indépendance de la justice financière, du moins sur celle de
celui qui l’incarne, parce que depuis l’an 2002, la Cour des Comptes qui est
dirigée par le même Président a attendu que vous donniez le ton pour qu’elle
chante la chanson des fêtes tournantes, alors que la loi qui organise son
fonctionnement l’autorise à se saisir d’office et à dire le droit. Tout le
droit et rien que le droit.
A s’y méprendre, cette synchronisation à l’ordre du
Pouvoir Exécutif prend toutes les mauvaises allures d’une instrumentalisation
du pouvoir judiciaire.
De toute évidence, le moment nous parait venu, de
repenser notre justice, autour d’une réforme qui libère la justice qui est un
Pouvoir à part entière, de la tutelle du Pouvoir Exécutif.
A ce propos, l’Union du Peuple Gabonais proposera en
temps utile, à tous les démocrates sincères, qui n’ont pas de camp politique,
un projet de réforme du système judiciaire.
Sur le questionnement relatif à l’égalité des citoyens
devant la loi, votre initiative sur le dossier des fêtes tournantes montre bien
que ce concept n’a été que trop galvaudé par votre régime.
Véritable rendez-vous des inconciliables, il se trouve
que votre action confirme cette application à tempérament, qui semble exposer
le citoyen à la justice selon sa distance vis-à-vis du Pouvoir en place.
Pour taire définitivement ces critiques devant la Nation
qui vous regarde, l’application de ce postulat doit commencer à s’appliquer à
vous-même, avant de s’appliquer à tous.
Oui Monsieur
le Président,
Au-delà du confort des mots, vous devez donner au Peuple
le gage de l’exemplarité, parce que l’exemple doit toujours venir du haut.
Sauf votre respect, votre image, ou celle de votre
famille, reste à tort ou à raison brouillée par le dossier des biens mal
acquis. Et la position de la justice gabonaise, si diligente sur le dossier des
fêtes tournantes et si muette sur le dossier des biens mal acquis dont elle
peut valablement se saisir d’office, est du plus mauvais effet sur l’image du
pays tout entier.
Monsieur le
Président,
L’égalité des citoyens, de tous les citoyens devant la
loi, selon qu’elle punit ou qu’elle protège, postule que chaque gabonais soit,
d’abord et avant tout, à égalité avec le Chef de l’état devant toutes les
procédures officielles.
Or à la pratique, force est de constater que vous n’êtes
à égalité avec aucun autre citoyen.
Vous n’êtes à égalité avec aucun gabonais devant
l’élection, puisque affranchi de la solidarité gouvernementale, un Ministre de
l’intérieur que vous connaissez fort bien, a fait comprendre à tous les
gabonais, que mal inspiré, tout titulaire de cette charge détient les clés de
la fraude.
Et parce que l’histoire de notre jeune pays s’écrit au
présent, les gabonais se rappellent comme si c’était hier, que dans l’exercice
de ladite charge, un préposé à cette mission avait proclamé des résultats d’une
élection présidentielle au profit de votre illustre prédécesseur, alors que les
opérations de dépouillement n’étaient seulement qu’en cours.
Vous n’êtes à égalité avec aucun gabonais devant le contentieux électoral, puisque du
fait de la dévolution familiale des charges publiques érigée en système de
gouvernement, votre père hier et vous-même aujourd’hui disposez d’une avance
incommensurable devant le juge de la constitution et de l’élection
présidentielle.
Vous n’êtes à égalité avec aucun gabonais devant les
juridictions judiciaires, administratives et financières, par le pouvoir de
nomination des juges qui vous échoit personnellement.
Face à un tel tableau, que chaque citoyen honnête doit
pouvoir compléter à l’aune de sa propre expérience, je voudrais prendre langue
avec chaque gabonais, sur les enjeux attachés à ce dossier des fêtes
tournantes, derrière lequel, le chef de l’Exécutif entend engranger les
bénéfices politiques pour la continuité de son œuvre.
Monsieur le
Chef du Gouvernement,
Je voudrais vous signifier toute
mon estime, pour le courage que vous avez affiché, en décidant de faire le saut
périlleux, mais qualitatif, dans la mer très agitée de l’opposition.
Ayant décidé de mettre votre
grande expérience des affaires publiques au service de notre famille politique,
vous avez vocation à participer, de manière forte, à légitimer notre mission de
sentinelle, utile pour tout régime ayant à cœur d’améliorer la gouvernance du
pays, chaque fois qu’au-delà du ton, il saura lire entre les lignes de nos
observations les propositions alternatives qu’elles portent.
Monsieur le
Chef du Gouvernement,
Aujourd’hui, vous êtes interpellé
pour les actes posés en votre qualité de Premier Ministre.
Le devoir de vérité, me commande
de vous inviter à rendre compte de votre gestion, pour le triomphe du droit,
parce que je ne doute pas de votre probité.
En cette qualité, vous saurez
comprendre la démarcation d’usage que les faits imposent de la part de celui
dont le Parti, en l’occurrence l’Union du Peuple Gabonais, n’a jamais partagé
l’orientation politique dont vous avez à répondre des effets pernicieux.
Mesdames,
messieurs,
Le dossier des fêtes tournantes
pose le problème de la décentralisation.
Toujours évoquée, mais jamais
appliquée, le régime que Monsieur EYEGHE NDONG a servi avec zèle, s’est
toujours refusé à appliquer cet instrument de bonne gouvernance, qui invite à
partager le pouvoir, et donc à donner des moyens nécessaires et suffisants aux
institutions de proximité, afin de répartir le développement là où il est
attendu, avec le double avantage de permettre un contrôle efficace sur des
organes permanents.
Nullement généreux, alors qu’il
clame haut et fort à la prospérité partagée, le régime de la Rénovation
toujours aux affaires a toujours imposé aux gabonais, qui ont toutes les
raisons de s’en séparer, un véritable système de déprédation des finances
publiques, dont la première responsabilité incombe à celui qui l’a institué.
Pour toutes ces
raisons, Monsieur EYEGHE NDONG à ne peut
et ne doit faire aucune concession à la vérité, sous peine d’avoir à assumer
devant la Nation, une compromission blâmable.
Chers compatriotes,
Pour terminer cet
échange, je voudrais évoquer deux faits d’actualité, qui montrent qu’à l’heure
où l’Afrique se mobilise sur les questions de développement, le GABON continue de
cultiver ses inconséquences.
Le premier fait pose
un problème de santé publique.
Face au virus Ebola,
nos autorités continuent d’affirmer que nous avons mis en place toutes les
mesures préventives, alors que la première de ces mesures consiste à faire
fonctionner les hôpitaux et à faire travailler les personnels du secteur de la
santé.
Avec une grève du
secteur de la santé pour laquelle il ne semble pas avoir de solution, le régime
en place adopte une posture des plus intrigantes, lorsque l’on sait que notre
pays est un foyer dormant de ce virus.
Le deuxième fait
porte sur la pauvreté endémique au GABON, dont la solution résiderait dans un
Pacte social.
A propos du Pacte
social, j’ai peine à comprendre qu’il est des personnes pour croire qu’il
suffit de s’enfermer au centre du pouvoir politique, dans le délice des joutes
oratoires, pour régler la pauvreté qui sévit à la périphérie, dans les foyers
des gabonais. Je demande à comprendre.
Mesdames, messieurs,
Lorsqu’au nom de leur
gestion du pays, les premiers responsables d’un régime menacent de faire
imploser la République, en exposant simplement la vérité des faits, il n’y a
rien à dire, le régime en place est en crise profonde.
Fort de ce constat,
qu’il nous appartient d’observer, je lance ici et maintenant, l’APPEL DE
PORT-GENTIL, qui est une invitation faite au-delà des clivages politiques à
chaque citoyen, d’avoir à se mobiliser pour sauver le GABON.
Chers amis, devant le
régime qui va imploser, par l’action de ses propres enfants, notre devoir est
de nous lever et de marcher ensemble vers la nouvelle République qui nous tend
les mains.
Je vous remercie.
Le Président
Moukagni-Iwangou
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