Farida Nabourema. Cette réaction force mon respect et mon admiration. Je suis fier de constater que nous avons des africaines qui sont dignes de respect et constitue un espoir pour l'Afrique.
Farida Nabourema (a gauche) et Marion Maréchal Le Pen (a droite) |
Mlle
Marion Le Pen, je souhaiterais avant tout vous informer que la France ne
possède plus de colonies à moins que vous ne désigniez par-là la Corse ; ce
dont je doute.
Depuis de nombreuses années que je tombe à
chaque fois par hasard sur les déclarations des membres de votre parti le Front
National, et plus précisément de ceux de votre famille à savoir votre
grand-père Jean-Marie Le Pen et votre tante Marine Le Pen, je n’ai jamais jugé
bon de répondre aux multiples inepties que vos proches ont tendance à pondre.
Mais cette fois, suite à votre déclaration incongrue qui sans nul doute affiche
votre ignorance béante de ce pays que vous prétendez représenter à l’Assemblée
Nationale, j’ai décidé de vous répondre car je n’ose pas croire que vous êtes
une imbécile pour vous répondre par mon silence comme j’en ai pris l’habitude
avec votre tante Marine. Mlle Marion Le Pen, par cette déclaration "Dans
nos colonies, nous n'avons jamais appliqué l'Apartheid. On peut en faire une
fierté » que vous aviez faite sur BFM TV le 16 Décembre dernier lors d’une
émission au cours de laquelle vous sembliez rendre hommage à Nelson Mandela, ce
monsieur que votre « papy Jean Marie » traitait affectueusement de «terroriste
» dans les 80, vous ne m’avez point choqué car je sais que la France dans
laquelle vous aviez grandi ne vous a jamais apprise dans ses écoles, les
horreurs qu’elle a commises dans ses anciennes colonies. Vous êtes de cette
génération à qui la France ment et à qui la France cache son linge sale que
vous avez pourtant le devoir de laver afin de réduire le degré de haine et de
dégout que ressentent ceux-là que votre pays dont vous êtes si fière, a
humiliés, déshumanisés, torturés, exploités, opprimés, réprimés et continue de
martyriser.
Comment pouvez-vous laver le linge sale de
votre chère France si durant toute votre vie, les gens comme votre grand-père
qui avaient soutenu l’Apartheid ont passé leur temps à vous faire croire que la
France n’a fait qu’aider les « autres » à se « civiliser ». Oui, la
civilisation de la sauvagerie et de l’avilissement !
Mlle Le Pen, à 24 ans, vous êtes la plus jeune
député de la France et étant votre cadette de quelques mois seulement, je peux
donc conclure que vous et moi sommes de la même génération et pourrai alors
dire qu’à cet âge et avec le poste que vous occupez, vous devriez connaitre la
vraie histoire de votre pays la France si et seulement si vous eûtes fait
preuve de moins de paresse intellectuelle en ne vous contentant pas que des
histoires que vous racontent « Papy Jean-Marie » mais hélas ! Je vais donc vous
rendre un très petit service en parcourant avec vous quelques-unes des
politiques de la France dans ses anciennes colonies qui étaient pies que
l’Apartheid en Afrique du Sud.
Avant tout, laissez-moi vous rappeler que vos
ancêtres font partie de cette espèce d’êtres humains qui ont jugé noble
d’acheter, de vendre d’opprimer et de massacrer d’autres êtres humains. Le Code
Noir qui désigne l’ensemble de textes juridiques codifiant la vie des esclaves
noires dans les anciennes colonies françaises (Indes françaises) est ordonné
par le roi Louis XIV en 1685. Dans ce code, l’un des rois les plus adulés des «
français de souches » comme vous Mademoiselle, a tout simplement animalisé les
Noirs (pratique que des membres de votre partie telle qu’Anne-Sophie Leclerc continuent)
et dénigré d’autres peuples pour le simple fait que ceux-ci avait une couleur
de peau ou pratiquaient une religion différente de la vôtre . L’article 1er du
Code Noir nous dit : « Voulons que l'Édit du feu roi de glorieuse mémoire,
notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos
îles ; se faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles
tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis
déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter
du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de
biens. » Le Code Noir chère Mlle Le Pen est le fondement même des systèmes de
ségrégation raciale et raciste comme l’Apartheid et l’on peut dire que les
Boers d’Afrique du Sud se sont inspirés de la cruauté de vos ancêtres pour
établir une version beaucoup plus diluée du Code Noir en Afrique du Sud. De la
même manière que les Noirs étaient interdits de se regrouper durant
l’Apartheid, Le Code Noir stipule dans son article 16 : « Défendons
pareillement aux esclaves appartenant à différents maîtres de s'attrouper le
jour ou la nuit sous prétexte de noces ou autrement, soit chez l'un de leurs
maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grands chemins ou lieux écartés,
à peine de punition corporelle qui ne pourra être moindre que du fouet et de la
fleur de lys ; et, en cas de fréquentes récidives et autres circonstances
aggravantes, pourront être punis de mort ».
En Afrique du Sud, bien que les Noirs fussent
extrêmement sous-payés, ceux-ci recevaient quand même une compensation aussi
infime soit elle pour leur travail et avaient le droit d’exercer certaines
petites activités commerciales. Mais dans l’article 18 du Code Noir Mlle Le
Pen, il est dit ceci : « Défendons aux esclaves de vendre des cannes de sucre
pour quelque cause et occasion que ce soit, même avec la permission de leurs
maîtres, à peine du fouet contre les esclave, de 10 livres tournois contre le
maître qui l'aura permis et de pareille amende contre l'acheteur. » car vos
ancêtres voulaient absolument éviter que les Noirs ne disposent de ressources
financières qui risqueraient de leur permettre d’acheter leur liberté à leurs
maitres comme c’était le cas dans certaines colonies britanniques et
portugaises. Dans les anciennes colonies françaises, les esclaves ne pouvaient
même pas rêver acheter leur propre liberté. Durant la période de l’esclavage,
de nombreux historiens révèlent que plus d’un million de Noirs ont été massacré
dans les colonies françaises seules. Vous me répondrez peut être que la
République Française et plus précisément la 5ème République du héros Charles De
Gaulle n’a rien à avoir avec cette France esclavagiste. Et bien c’est vrai !
Votre 5ème République Française est pire que la France de Louis XIV : elle est
la France de la barbarie pure et simple. Mlle Le Pen, serez-vous toujours fière
de votre chère France en apprenant que celle-ci a massacré froidement et sans
remords 120 mille camerounais en trois ans, de 1959 à 1962 pour le simple fait
que ceux-ci ont réclamé leur droit le plus inaliénable qui est celui de
l’auto-détermination ? Je n’invente pas les chiffres car c’est le journaliste
du Monde André Blanchet qui le dit suite à ses enquêtes alors que les camerounais
quant à eux parlent de plus de 200 milles morts. En Algérie, il fut question de
700 mille morts durant cette guerre coloniale que la France niait jusqu’en 1999
et qu’elle désignait affectueusement par « évènements d’Algérie ».
Au
cours de la guerre d’Algérie, la France de De Gaulle avait créé des camps de
concentration qu’elle avait rebaptisé « camp d’internement » dans lesquels elle
torturait et abattait sauvagement les arabes qu’elle y emprisonnait. Des
milliers de jeunes filles pour la plus part des adolescentes ont été arrachées
à leurs parents qui furent exécutés et réduites en esclaves sexuelles que les
soldats français que votre 5ème République a fièrement décoré plus tard,
violaient passionnément et collectivement. Certaines des survivantes raconteront
plus tard qu’elles étaient violées par au moins 100 soldats en une seule
journée. De nombreuses tombèrent enceinte et eurent des « enfants sans père »
qu’aujourd’hui vos camarades appellent amicalement « la racaille ».
Mlle Le Pen, comparer l’Apartheid aux
bestialités de la France dans ses anciennes colonies est comme comparer une
gifle à une décapitation. Loin de moi l’intention de minimiser les exactions du
régime de l’Apartheid contre les Noirs d’Afrique du Sud ou encore moins de
justifier l’Apartheid mais il est important que je vous apprenne que votre
France dont vous êtes si fière fut et continue d’être l’une des puissances
impérialistes les plus cruelles de l’histoire de l’humanité. Dans mon pays le
Togo, durant la conquête coloniale, les soldats français ont coupé les deux
pouces à l’aide d’une hache, aux guerriers de l’ethnie Konkomba qui résistaient
à l’occupation française munis leurs arcs et flèches. Mlle Le Pen, s’il vous
est difficile d’imaginer la douleur que ces milliers d’hommes ont ressentie, je
me propose de vous faire cette expérimentation mais malheureusement j’ai peur
d’abimer vos maigres doigts qui n’ont surement jamais tenu une houe et un
coupe-coupe de leur existence. C’est avec ces outils rudimentaires que des
millions d’Africains ont cultivé des centaines de milliers d’hectares de force
pour épargner la famine à votre peuple avant, pendant et après les deux guerres
mondiales et la crise économique de 1929 qui ont rendu la France plus pauvre et
plus féroce et qu’elle ne l’était déjà .Votre pays la France a établi après
l’abolition de l’esclavage et bien entendu du Code Noir, un autre code
cordialement appelé « Le Code de L’Indigénat ». Ce code qui fut adopté en Juin
1881 et imposé aux peuples des colonies françaises en 1887, « distinguait deux
catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et
les sujets français (les indigènes). »
Ce
complexe de supériorité qui régente votre peuple et que votre parti ne cesse de
témoigner à travers ses discours provocateurs vous donne le droit d’appeler les
autochtones des pays que vous êtes partis piller, des « indigènes ». Ce code de
l’indigénat réduisait de nouveau les Noirs à l’esclavage ; rebaptisé en «
travaux forcés ». Dans les anciennes colonies françaises, les Noirs devaient
travailler de force pour la France sans compensation aucune. Certains avaient
le devoir de cultiver le café, le cacao, le coton et autres produits agricoles
qui ne peuvent jamais germer sur votre pauvre sol français. D’autres devraient
quant à eux construire les chemins de fer et les wharfs qui devraient permettre
à la France d’exporter les produits qu’elle volait aux colonies et d’autres
enfin, devraient servir les administrateurs de colonies comme hommes de
chambres, cuisiniers, vaguemestres, coursiers etc. La punition était les coups
de fouet, l’amputation, ou la mort pour ceux qui voulait résister à la
bestialité française. Entre 1908 et 1909, plus de 1500 « infractions » au Code
de l’Indigénat ont été réprimées au Congo-Brazzaville seul et « en 1928, Albert
Londres journaliste au Petit Parisien » découvre que la construction des voies
ferrées ou les exploitations forestières provoquent un nombre effroyable de
morts parmi les travailleurs africains du Sénégal au Congo et dans son article il
écrira ceci : « Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n'ont plus le droit
de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils.
L'esclave ne s'achète plus, il se reproduit. C'est la couveuse à domicile. »
La répression dans les colonies françaises
était si aigüe que des millions de personnes ont fui leurs villages pour
s’installer dans les colonies britanniques. Robert Delavignette haut
fonctionnaire, directeur de l’Ecole de la France d’outre-mer et spécialiste des
questions coloniales a rapporté la migration de plus de 100,000 Mossis de la
Haute Volta (actuelle Burkina Faso) à la Gold Coast britannique (actuel Ghana).
Le journaliste Albert Londres quant à lui, révéla aussi que plus de 600,000
personnes ont fui les colonies françaises d’Afrique de l’ouest vers la Gold
Coast et plus de 2 millions ont fui les colonies d’Afrique centrale et une
partie de l’Ouest vers le Nigeria qui était aussi une colonie britannique. La
barbarie inouïe des colonisateurs français était insupportable aux « indigènes
» qui ont préféré la domination britannique à la domination française. Ne
dit-on d’ailleurs pas « qu’entre deux maux il faut choisir le moindre ? »
Cependant, notez-bien Mademoiselle que la
cruauté de cette France dont vous êtes si fière ne s’est pas arrêtée là. Afin
de combler le vide dans ses colonies que les populations désertaient du faite
de sa répression intense, la France « exportait » de force, comme des
troupeaux, les Africains d’un pays à un autre pour les faire travailler dans ses
plantations. Des milliers de personnes ont été parachutées de la Cote d’Ivoire
à la Centre Afrique, du Sénégal au Congo et j’en passe.Et quand ces dernieres
se sont décidées à obtenir leurs liberté de la France et à mettre fin à leurs
exploitation, domination, oppression et répression, la France les a massacré
comme au Cameroun, en Algérie ou encore au Madagascar ou plus de 100,000
Malgaches ont été massacrés par les soldats français suite à leur soulèvement
en 1947.
Mlle Le Pen, je peux écrire 1000 tomes d’un
livre d’1 million de pages chacuns pour vous relater la politique nauséabonde
de votre chère France dans ses anciennes colonies. Je peux également passer des
années à réciter les exactions commises par votre adorable France dans ses
anciennes colonies qui surpassent de très loin ce que les Noirs d’Afrique du
Sud ont connu avec les Boers. Je peux peindre du sang des dizaines de millions
personnes que la France a bombardées, fusillées pendues, trempées dans le
l’acide, brulées vif, décapitées, enterrées vivant, chacun des millions de murs
en France et toujours manquer de place pour y peindre les larmes qu’ont fait
coulé et continue à faire couler votre France dans ses anciennes colonies.
Et pour finir, notez pour votre gouverne que
les Mandela de ces anciennes colonies à savoir Toussaint Louverture, Sylvanus
Olympio, Ruben Um Nyobé, Barthélémy Boganda, Félix Moumié, Outel Bono, Modibo
Kéita, Marien N’Gouabi, Ali Soilih, Mahamoud Harbi Farah, Germain Mba, Aline
Sitoé Diatta, Thomas Sankara pour ne citer que ceux-la ont été exécuté par
cette France dont vous êtes si fière.
Ne venez surtout pas Mademoiselle remuer le
couteau dans notre plaie qui refuse de guérir parce que des ignares se
permettent à chaque fois de débiter des sordidités comme vous le faites.
Source : Farida Nabourema