Quand Sarkozy a volé au secours d’Ali Bongo !
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Boukoubi, Bile Bi Nze et consorts devront inventer un autre mot qu’ingérence lorsqu’ils qualifient les interventions du PS et des Verts. Car les transmissions captées par le Silam, le centre des écoutes téléphoniques au Gabon apprennent que leur champion a largement bénéficié des appuis stratégiques de l’Elysée. Sinon, il n’aurait jamais gravi les marches du perron du Palais du bord de mer.
L’Elysée était en amont et en aval. A cet effet, Robert Bourgi avait annoncé les couleurs : « La France n’a peut-être pas de candidat, mais mon candidat c’est Ali Bongo, de façon subliminale les Gabonais comprendront ». Le message était clair. Message rendu d’autant plus clair qu’à ce moment Sarkozy n’arrêtait pas de dire l’envers de sa position. A savoir que « L’Elysée n’avait pas de candidat ». Et que seule la constitution devait prévaloir. C’était le côté officiel de l’affaire. En coulisse il était aux manettes via sa garde rapprochée (Robert Bourgi, Claude Guéant, et Alain Joyandet le plus actif dans le hold up électoral), et les relais du village françafricains : Stephane Bellati, à l’époque Chef de poste de la DGSE* au Gabon et l’ambassadeur de la France au Gabon, Michel Roisin.
Au mois d’août période de pré campagne et de campagne. L’opposition certainement informé des préparatifs au sein du ministère de la Défense, demande avec intensité la destitution d’Ali Bongo dudit ministère. Dans la foulée le président de la République qui assure la transition, Madame Rose Francine Rogombe sous la pression de l’opposition qui a décidé de faire entendre sa voix en prenant la rue et des personnes de son entourage cède et relève Ali Bongo de ses fonctions.
Sur ce, exactement le 14 août 2009, celui que Robert Bourgi désigne par le nom de code « Saint cyrien », explique à Bellati « qu’initialement un arrangement avait eu lieu pour assurer en temps voulu l’intérim du ministre de la Défense par un autre ministre, mais il semble que Madame la Présidente ait reçu des pressions qui l’ont amenée à s’exprimer plus tôt que prévu ». Il était donc question pour Ali Bongo de conserver le contrôle du ministère de la défense. A quelles fins ?
La conversation entre les deux se poursuivait comme suit ce jour là : « Il n’y a pas de conséquence immédiate sauf que c’est l’évidence qu’elle n’est pas hermétique aux pressions, qu’elle est fragile, influençable, alors que des assurances avaient été données de Paris, par conséquent, il faut en prendre acte car elle même ouvre la boîte de Pandores ». Rose Rogombe avait-elle préféré se fier à son intuition plutôt qu’aux « assurances données par Paris ». Sans doute, ce fait d’armes sera la cause de sa mise au ban dans la suite du processus plus tard par l’establishment qui recevait désormais ses ordres d’un simple candidat à l’élection. Rose Rogombe devenait-elle une épine dans le pied de la France au risque de voir son plan bouleversé.
La France de Sarkozy était en action. Bellati dira savoir « M. Bongo très occupé par la campagne, toutefois, il aimerait pouvoir le croiser sachant qu’il peut se rendre disponible à tout moment ». En quoi l’Elysée pouvait-elle continuer de clamer sa neutralité lorsque la branche locale des renseignements est impliquée à ce point. Et ce avec la mission diplomatique française ?
Ce même jour, le 14 août, le patron de la DGSE Gabon informe l’ambassadeur Roisin « des dernières péripéties de l’actualité, à savoir la déclaration de Madame la présidente faisant état de la destitution du gouvernement du candidat controversé, M. Ali Bongo ». Et que « des proches du candidat Bongo, (Frédéric Bongo) lui ont fait remarquer que l’on est sorti du cadre constitutionnel, et cela vaudrait la peine d’en parler demain matin ».
Les transmissions du Silam rapportent que « L’ambassadeur Roisin est d’accord, toutefois il se demande si cette décision n’est pas la simple formalisation de ce qui était attendu. Pour Bellati ça va plus loin, car cela anticipe cette formalisation et c’est relativement mal pris, toutefois, on l’a assuré qu’il n’y aura pas de conséquence ». L’ambassadeur Roisin qui vient de suivre RFI pense que la radio française « a traité l’information sur un mode qu’il qualifierait de neutre ». Pour lui, « RFI utilise un autre mot » et dit « a été déchargé de ses fonctions avant la campagne, et aucun remplaçant n’aurait été désigné pour le moment ». Quant à Bellati, il dira avoir« reçu une version plus abrupte des gens concernés, ils en parleront demain ».
L’affaire du ministère de la Défense prendra d’autres proportions quelques temps après notamment le 17 août 2009, à en croire les indiscrétions du Silam. Florilèges. « Ali Bongo veut exposer à Lemboumba (Jean pierre Lemboumba Lepandou, coordinateur des services de la Présidence. NDR) un autre souci de grande importance. Il a l’impression que Madame Rogombé, sous l’instigation des ‘’généraux’’ dont Auguste Roger Bibaye Itandas et Ntumpa, voudrait nommer un nouveau ministre de la Défense sans consulter qui que ce soit ! Il ajoute qu’il est de plus en plus significatif, que sous la poussée de son entourage, elle souhaite une transition plus longue ! Lemboumba est d’avis d’arrêter ça rapidement, c’est intolérable ».
Ali Bongo fera aussi savoir au coordinateur qu’il avait remarqué que Ntumpa et Bibaye étaient proches d’elle Lemboumba en colère, va alors lancer : « Ntumpa est du Haut Ogooué. Il ne peut accepter ça, il faut arreter ça ! il devine que le but est de faire partir Ali pour le remplacer par son oncle de Ngouoni ». Il s’agissait de Ngari oncle d’Ali Bongo.
Or pour Lemboumba « Ntumpa c’est l’homme de votre oncle ». Ali Bongo marque son inquiétude : « Ça va commencer à devenir dangereux ! ils vont devoir faire une intervention brutale auprès d’elle ». Il poursuit : « Le gros problème qui se présente, c’est que tout le monde va partir sur le terrain et qu’elle va faire ce qu’elle veut. » Pour apaiser les soucis d’Ali Bongo, Lemboumba prenait l’engagement de parler au président de la République assurant la transition le lendemain.
C’est dans le fil de cette conversation que le coordinateur annonce à Ali Bongo que « leurs amis lui ont téléphoné à trois reprises hier pendant la nuit, pour lui avouer qu’ils sont préoccupés par les ‘’menaces qui planent sur la colonie française’’. Ils lui demandent de venir à paris pour en parler ». Sur ce, Ali Bongo exprime à Lemboumba qu’il souhaite que l’ambassadeur de France aille voir la Dame (il s’agissait de Rogombé) pour clairement lui dire ; « finissez avec cette transition parce que nous, on va très mal prendre ça si vous continuez comme ça !»
Le 18 Août, Robert Bourgi confirme à Ali Bongo qu’il attendait Lemboumba à Paris. « Ils devront être offensifs auprès d’eux, bien leur expliquer la situation, avec les tenants et les aboutissants. Il faut qu’ils comprennent la nécessité pour eux d’agir ». Aux inquiétudes d’Ali Bongo, Lemboumba fera le maximum pour le rassurer : « ils feront tout », lui dit-il. C’est à l’issu de ce voyage que les choses vont s’accélérer à Paris.
Le 23 août à 16H38, Jean Pierre Lemboumba Lepandou rappelle Robert Bourgi au 33 6 48 00 50. Ce dernier avait cherché à le joindre. Lemboumba informe Bourgi qu’il a fait au candidat le compte rendu qu’il souhaitait qu’on lui fasse. Le coordinateur confirme au « Monsieur Afrique » de Sarkozy qu’il est attendu sur Libreville et qu’il devait lui transmettre des documents importants ainsi que des DVD. Sur ce Bourgi informe son interlocuteur qu’il y a deux jours il avait « un message très important à faire passer à Ali ». Il voudrait savoir si « le Saint Cyrien (Frédérick Bongo) a transmis le message ».
Lemboumba va avouer que ce message n’a pas été transmis. Il demande alors à Bourgi « de le laisser tomber. De ne plus passer par lui ». Bourgi est d’accord. De Frédéric Bongo il dira : « c’est un garçon qui ne se pénètre pas de l’importance du moment ». Ce que Bourgi juge « gravissime » car le message était « hyper important ». Et d’importance il en avait. De quoi était-il question ?
L’avocat explique à Monsieur le coordinateur que « Le Grand Chef », Sarkozy l’a appelé. Ils ont longuement parlé de la situation.
« Le Grand Chef a décidé d’envoyer, mardi, Alain Joyandet chez le « voisin d’à côté », Obiang Nguema. « Il devra lui donner des consignes très strictes », précisant que : « Ali est notre protégé ; qu’il ne veut pas que le pays traverse une période difficile ; Obiang devra rappeler à l’ordre ses sbires ; Joyandet devra lui expliquer qu’il est préférable qu’il garde l’argent pour le bien de son pays, à lui ».Voilà des instructions fermes d’un « Grand Chef » à l’endroit du « Petit Chef » qu’est Obiang.
Bourgi reprécisera donc pour se résumer que « Joyandet part donc mardi matin (25/08) à 6H00, heure locale, arrivera à Bata, à 13H00, sera emmené directement chez Obiang, où ils déjeuneront, en tête à tête, et deux heures après, il redécolle pour Paris ».
De son côté Lemboumba « approuve la décision prise par le « Boss », car pour lui, « c’est la bonne décision ». Il demande à Bourgi « d’activer Dénis Sassou Nguesso ainsi que Paul Biya. » Toutefois pour lui, « la personne idéale en ce moment est Biya, et qu’en appoint, il peut utiliser Denis ». Bourgi promet de faire répercuter le message le soir même.
Lorsque Zacharie Myboto, lors de la rencontre entre l’opposition et Nicolas Sarkozy en Mars 2010 avait déclaré à ce dernier que le président actuel a été mis au pouvoir par une puissance occidentale, il ne croyait pas si bien dire. Sarkozy dans son hypocrisie légendaire avait exigé des excuses à ces « Africains » qui « n’étaient pas assez entrés dans l’histoire ». Mais les faits aujourd’hui disent bien qu’il était à la manœuvre. Et sur ce Boukoubi comme Bile Bi Nze et consorts devraient définitivement se taire. Et ce n’est qu’un début.
Par D. ENAME (Echos du Nord)
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