Le leader de l’Union du peuple gabonais (UPG) a commenté, le 8 août à Libreville, l’actualité nationale autour de la saga Maixent Accrombessi, ainsi que l’affaire Bruno Mboulou Beka. Très attentif à l’actualité nationale, le président de l’Union du peuple gabonais (UPG) a réagi, le 8 août dernier, sur l’arrestation du directeur de cabinet du chef de l’Etat et sur les dernières déclarations du ministre de l’Intérieur au sujet de la mort de Mboulou Beka.
Le
Président
de
l’Union Peuple Gabonais
|
PROPOS LIMINAIRE A LA CONFERENCE DE PRESSE
Libreville, le 08 août
2015
Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes,
L’actualité politique
nationale a été marquée par une série d’évènements, qui appellent de notre part
les réactions qui vont suivre.
Parmi tant d’autres, deux
d’entre eux méritent que l’on s’y attarde.
|
Le Président Moukagni-Iwangou |
Il s’agit d’abord de l’arrestation
du Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Monsieur Maixent ACCROMBESSI NKANI.
Il s’agit ensuite des dernières
déclarations faites par le Ministre de l’intérieur, Monsieur Guy Bertrand
MAPANGOU, sur la mort de MBOULOU BEKA.
Mais avant, les bons
usages m’invitent à introduire mon propos en évoquant mon récent déplacement
effectué aux Etats Unis d’Amérique, aux côtés d’autres responsables de
l’opposition.
Mesdames, Messieurs,
À l’invitation du
Département d’Etat, j’ai eu le privilège de prendre part à un programme initié
depuis 70 ans aujourd’hui, à l’intention des dirigeants politiques du monde.
|
Une affiche du passage du Président du Front
à Paris.
|
Ouvert pour la première
fois aux acteurs politiques du GABON, ce programme est une immersion dans le
système électoral américain, qui par le plus heureux des hasards, va avoir le
même calendrier que notre pays, s’agissant de l’élection du Président de la
République en 2016.
Cadres d’apprentissage,
mais aussi lieux d’échanges féconds, les différents ateliers nous ont offert
l’occasion de soumettre les procédures nationales à l’épreuve des bonnes
pratiques.
Dans ce dernier cas, nous
avons obtenu, d’une part, l’examen comparé entre la procédure américaine de
l’impeachment et la procédure gabonaise de la destitution, d’autre part, la
relecture politique du dossier GABON, et enfin, le regard du système électoral
gabonais.
A l’épreuve des bonnes
pratiques, les questions ci-dessus exposées ont débouché sur les analyses
suivantes :
S’agissant de la
procédure de destitution, le droit reconnu au GABON au Chef de l’Etat, en tant
que premier justiciable de cette procédure, de nommer ses juges a fait l’unanimité
contre elle, et surtout, mis en relief « la caricature d’Etat »
dissimulée derrière une telle réalité.
S’agissant de l’image du
GABON, perçue comme la seule zone de stabilité par excellence en Afrique
Centrale, la relecture des indicateurs sociaux a suffit pour raviser nos
interlocuteurs sur le fait, que derrière ce calme apparent, se développe une
situation explosive qu’il est désormais urgent de prévenir pour ne pas avoir à
guérir.
S’agissant enfin de la
réalité électorale, qui justifie la longévité du système au Pouvoir, les
échanges ont motivé le National Démocratic
Institute, en abrégé le NDI, à proposer son intervention prochaine au
GABON, aux fins de superviser l’élection présidentielle de 2016, laquelle
supervision selon ses standards, porte sur l’ensemble du processus, en partant
de la confection des listes électorales.
Chers amis,
Le grand enseignement sur
lequel s’ouvre cette mission, montre, par le seul fait de l’invitation qui lui
a été faite par la première puissance au monde, que l’opposition gabonaise est
devenue un interlocuteur valable.
Dès cet instant, il lui
reste à se constituer comme une alternative valable pour le pouvoir au GABON.
Pour y parvenir, il nous appartient
de consolider notre unité, notre cohérence, et de formuler une offre politique
à la hauteur des enjeux nationaux et internationaux.
Avec la certitude que le
débat qui va suivre permettra d’aller plus avant dans les développements sur
cette question, je voudrais revenir sur les deux thématiques, objet de notre
échange.
La première thématique est
la mesure de garde à vue décidée contre le Directeur de cabinet du Chef de
l’Exécutif.
Cette thématique met en
évidence le conflit permanent du régime au pouvoir avec la loi, mais plus
encore, elle parle à la France et à l’ensemble des partenaires du GABON, à qui
le Front de l’Opposition pour l’Alternance a formulé l’offre d’un nouveau
partenariat fondé sur les valeurs, là où le système au Pouvoir lui propose la
compromission permanente.
Des sources concordantes, Monsieur ACCROMBESSI
a été interpellé dans le cadre d’une enquête ouverte autour des chefs
d’inculpation de corruption, de
blanchiment en bande organisée, de recel, de faux et usage de faux.
En rappelant le statut
juridique de la personnalité mise en cause, et en examinant les conditions qui
ont prévalu à la levée de la mesure d’incarcération qui l’a frappée, le devoir
de vérité commande que toute la lumière soit faite autour de cette affaire.
|
La diaspora gabonaise est prête à se constituer partie civile dans
l'affaire Accrombessi: Ici le Président Moukagni-Iwangou s'entretenant
avec Bernice Mboumbou Présidente d'AIGLE asbl (
Les gaboanais libres d'Europe) et le PSP Affaires Extérieures de l'UPG
Jean Ndouanis
à Paris le 1er août 2015
|
Je me réserve de convoquer la Conférence du Front de l’opposition en session extraordinaire, mais
d’ores et déjà, je voudrais engager les différentes composantes de la Diaspora
gabonaise, à se porter partie civile devant la juridiction française
compétente, au nom de la distribution des rôles que nous avons convenu
d’observer désormais.
Mesdames, Messieurs,
Pour rappeler le statut
juridique de Monsieur ACCROMBESSI, il est d’abord utile de recadrer les faits
dans leur contexte.
La moralisation de la vie
publique a conduit les Etats, pour se prémunir contre les effets pervers de la
globalisation de l’économie et de la libre circulation des personnes et des
biens, à mettre en place des dispositifs pertinents pour faire face à la
criminalité transfrontalière organisée.
Le devoir de vigilance,
qui postule de ces politiques de lutte contre le blanchiment de l’argent sale,
est particulièrement opposable aux personnes politiquement exposées, identifiées
par la Convention de Palerme, comme celles ayant prise dans les procédures
financières et dont le défaut d’exemplarité est de nature à alimenter le crime
organisé.
Il
se trouve justement que les faits en cause concernent un marché public, soumis par
principe à la procédure des appels d’offres, afin de garantir l’égalité des
soumissionnaires.
Membre
du cabinet du Ministre de la Défense au moment des faits, autrement dit,
relevant directement des personnels agissant au nom et pour le compte de
l’autorité à laquelle il était rattaché, l’implication de Monsieur ACCROMBESSI pose
forcément celle d’Ali BONGO ONDIMBA, le Ministre de la Défense, par application pure et simple de la loi
20/2005 sur l’organisation des services publics au GABON.
Fort
de ce qui précède, la levée de la mesure de garde à vue, obtenue sous la férule
de la Convention de Vienne, n’est qu’une fenêtre de respiration accordée à un
système essoufflé, pour qu’il reprenne ses esprits afin de répondre en toute
lucidité devant la communauté internationale, des innombrables forfaitures dont il est protégé à l’intérieur
par un système judiciaire totalement aux ordres.
En
rappelant que les immunités et privilèges de juridiction sont des précautions
procédurales et non des impunités organisées, le Gouvernement et la Présidence
doivent savoir raison gardée.
Pour
le Gouvernement, qui agite l’épouvantail de la réciprocité à la justice
française qui exerce en toute indépendance, son message n’a qu’un seul mérite,
celui d’exprimer de la manière la plus solennelle à la face du monde, l’instrumentalisation
de la justice gabonaise aux ordres du pouvoir exécutif. Toute chose qui, pour
ne pas être une découverte, est au moins un cinglant aveu.
Pour
la Présidence de la République, réduite à trouver grâce en précisant que
l’interpellation frappait le collaborateur du Ministre de la Défense et non
celui du chef de l’Etat, invitant à l’amusement d’avoir à discerner le bonnet
blanc du blanc bonnet, elle a dévoilé son affligeante vacuité dans la défense d’une
institution qui symbolise le primat de la confusion et de la mystification.
Totalement
regroupée sous la bannière de la confusion, seule susceptible de sauver les
comparses, la Présidence de la République attache un prix quasi existentiel à défendre
la démission du directeur de cabinet, par peur que dans sa chute annoncée, le
préposé Maixent ACCROMBESSI NKANI qui est l’accessoire, n’emporte le commettant
Ali BONGO ONDIMBA qui est le principal.
Avec
la saisine du juge d’instruction et la mise en examen de Monsieur BELIN, le
patron de la société MARCK identifié dans la procédure comme le corrupteur
présumé, la chasse aux corrompus est lancée, et avec elle, ouvert au GABON, le
démantèlement du réseau criminel qui préside aux destinées de la République
depuis trop longtemps déjà.
Chers amis,
Le deuxième évènement
porte sur la dernière déclaration faite par le Ministre de l’intérieur sur
l’affaire MBOULOU BEKA.
Invité sur le plateau de
l’émission « Faire Savoir » à s’expliquer sur la mort de notre jeune
compatriote, Monsieur Guy Bertrand MAPANGOU a soutenu, que le Front, qui n’a
pas de personnalité juridique, doit répondre de ce triste évènement pour avoir
tenu une manifestation qu’il a interdite.
En attribuant la responsabilité de
l’assassinat de notre compatriote au Front de l’opposition pour l’alternance,
cette déclaration qui interpelle notre devoir de mémoire, est une provocation
gratuite, qui va relancer de manière légitime notre combat.
A observer tout l’acharnement
qu’il met à se projeter en dehors de ses missions, et tout le prix qu’il
attache à violer celles qu’il se hasarde à entreprendre, Monsieur le Ministre
de l’intérieur est peut être plus à plaindre qu’il n’est à condamner.
Pour s’en convaincre, il
suffit de rappeler son appel à la candidature d’Ali BONGO ONDIMBA et la
consignation au bénéfice de ce dernier de la somme nécessaire au règlement de
la caution, pour comprendre qu’il n’est pas à la hauteur de la première
obligation de sa charge, qui lui commande de garantir l’impartialité à tous
devant l’élection.
A titre surabondant, il
n’est pas sans intérêt de rappeler son indifférence notoire, et ce depuis trois
ans, devant une obligation légale d’avoir à procéder à la révision des listes
électorales, comme fondement d’une élection transparente, qui est tout, sauf sa
préoccupation.
Affranchi de ses
obligations légales, le Ministre de l’intérieur ne peut s’inviter en dehors de
sa mission que pour accélérer encore d’avantage la violation de la loi par un
régime, qui compte Monsieur MAPANGOU au nombre de ses piliers forts.
Il va ainsi de
l’interdiction d’une manifestation publique, dont la mesure n’est jamais sortie
du bureau de sa secrétaire, selon son propre aveu, alors que cette prérogative
relève des pouvoirs d’un Maire.
Mesdames, Messieurs,
Engagé contre lui-même dans la recherche de la
vérité, c’est ici le lieu de lui fournir une information utile, qu’il lui
suffira de recouper avec les moyens institutionnels en sa disposition.
Bruno MBOULOU BEKA a été assassiné par une
balle tirée par un agent de la Gendarmerie Nationale, embarqué dans un camion
de marque IVECO, portant inscription MDN, et Immatriculation IM.GN 539.
Au-delà, toutes
gesticulations n’est que vaine et pure diversion qui n’empêchera pas le Peuple
de parvenir à la vérité, vers laquelle avance notre propre enquête.
Mesdames,
Messieurs,
En conclusion de tout ce
qui précède, il faut retenir :
|
Une preuve du peu de considération
de ceux qui se nourissent du pain des gabonais |
Premièrement. Que pour
enlever un marché public en 2005, contrôlé par le Ministère la Défense Nationale
au GABON, le patron de la société adjudicataire a eu recours à la corruption.
Deuxièmement. Que la
société MARCK a été identifiée comme le
réceptacle du corrupteur, dont les corrompus sont localisés à la Présidence de
la République Gabonaise.
Troisièmement. Que la
levée de la mesure de garde à vue, décidée à l’avantage du Directeur de cabinet
du Président de la République, ne suffira pas pour faire taire le Peuple
Gabonais, exaspéré par la fourberie internationale, identifiée depuis plus de cinquante
ans comme le protecteur et le complice d’un régime prédateur, qui a réalisé
l’exploit de conduire le GABON à la pauvreté, et qu’il est temps de
disqualifier par des procédures transparentes, seules gages d’une coopération
mutuelle.
Quatrièmement. Que sans
préjuger sur l’issue de ce contentieux, l’Union du Peuple Gabonais qui a
éprouvé de longue date sur la place publique, l’expérience de l’Etat hors la
loi qui sévit au GABON, va lancer dans les tous prochains jours, un appel
citoyen à une grande mobilisation, pour engager le Peuple souverain, dans la
destitution du régime prédateur, faute de l’obtenir devant les juges, qui n’ont
jamais été nommés par Ali BONGO ONDIMBA.
Je vous remercie.
MOUKAGNI-IWANGOU
Président
de l’Union du Peuple Gabonais