« On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, voir même a laissé faire », expliquait récemment papa Hollande à propos de Michel Djotodia, numéro 1 des Seleka, la coalition au pouvoir à Bangui. Mais quand la Seleka a renversé en mars 2013 le gouvernement de François Bozizé – lui-même arrivé à la présidence dix ans plus tôt avec le soutien de la France – , Paris a laissé faire, pour mieux se mêler des affaires centrafricaines neuf mois plus tard.
L’actuel pouvoir centrafricain déplait à la France qui entend y faire le ménage. Ce qui, en langue françafricaine, signifie que des élections doivent être organisées au plus vite. C’est pratique, une élection, ça fait bon genre et c’est bien plus discret qu’un putsch moyenâgeux, pour obtenir in fine ce que l’on veut.
Sur le terrain, des véhicules de transport blindés français ont été déployés sur les grandes artères de Bangui. Les forces françaises assurent des opérations de contrôle et de désarmement des ex-rebelles Seleka. Ce qui revient en fait à leur peindre une cible dans le dos. Aussitôt désarmés, ils sont souvent victimes de la colère populaire, à coup de machette et de lapidation. Les populations civiles musulmanes ne sont pas en reste, subissant également lynchages et pillages dans la capitale, depuis le début du désarmement, entamé ce lundi.
Les milices anti-balaka (anti-machette en langue sango), de confession chrétienne, sont particulièrement difficiles à identifier car elles sont composées de paysans anonymes qui le soir venu, se transforment en tueurs impitoyables, réglant leurs comptes à l’arme blanche le plus souvent. À l’inverse, les anciens de la Seleka sont connus de tous, car ils tenaient jusqu’ici le haut du pavé.
Mais la religion n’est pas la première raison de ces tueries, qui sont surtout imputables au désir de vengeance de la population. Une explosion de haine largement facilitée par les discours ces dernières semaines d’un Fabius, jamais en reste quand il s’agit de faire son grand numéro de l’humaniste révolté.
À force de crier au génocide, le gouvernement français a obtenu ce qu’il voulait. Une situation suffisamment chaotique permettant de propager le conte de fée de l’assistance à peuple en danger, là où il n’y a en fait que volonté de rester maître en son pré carré. Le permis de gendarmerie octroyé par le machin onusien à la solde de l’Empire ne sert rien d’autre que les rêves éteints d’une France coloniale qui espère barrer la route des ressources africaines à la Chine.
Quitte à raconter n’importe quoi pour mieux vendre l’affaire, en nous faisant la blague d’une Centrafrique, « petit pays », « l’un des plus pauvres de la planète», confondant en cela le sous-développement dans lequel le peuple centrafricain a toujours été maintenu, avec les richesses en bois, or et uranium dont dispose le pays. C’est curieux, cet empressement de nos grandes têtes molles à ne jamais évoquer le gisement d’uranium de Bakouma, dans le sud-est du pays, exploité par Areva, dont l’actionnaire majoritaire est l’Etat français…
le 10 décembre, 2013 dans Afrique par Nico Ramirez
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