samedi 10 août 2013

Elections : une vaste escroquerie politique



Un article qui force mon admiration. Ce compatriote a compris toute la mécanique du système Bongo pour se maintenir au pouvoir par des élections truquées. 
Bonne lecture


Elections : une vaste escroquerie politique. 
Auteur: Gildas Ngouoni

Au Gabon, les élections ne servent à rien, sinon à permettre au pouvoir Bongo/PDG de gagner du temps, de se donner un peu d'air entre deux scrutins. Le débat sur la transparence électorale, la biométrie et autres, n'est, en réalité qu'une diversion de plus.

Depuis 1990, nous avons organisé plusieurs élections dans ce pays, et pourtant rien n'a changé : les Bongo sont toujours là, au pouvoir. Encore et toujours. En 1993, Mba Abessole a gagné. En 2005, Mamboundou a battu Omar Bongo. En 2009, Ali est arrivé 3ème, très loin derrière Mba Obame. Toutes ces "victoires" électorales ont été obtenues sans transparence ni biométrie. Et pourtant les Bongo sont toujours au pouvoir. Gagner une élection ne suffit pas, il faut, ensuite, pouvoir prendre le pouvoir. Le débat est là. Ce qui vient de se passer au Togo et au Zimbabwe doit nous interpeler. Sinon, on va tourner en rond pendant des siècles et des siècles. A chaque élection, le PDG triche, s’accapare et garde le pouvoir de force. Résultat : après chaque élection les électeurs sont désabusés et les opposants sortent traumatisés, affaiblis et divisés. A peine ont-ils le temps de panser leurs plaies qu'on les invite à un autre scrutin (législatif, local, présidentiel). Rebelote ! Et c'est le cycle infini, le même cirque. Pendant ce temps, le système Bongo/PDG s'enracine en distribuant, au passage, quelques prébendes et strapontins.

Le résultat de cette mauvaise blague machiavélique c'est que les populations, entrainées dans une logique électoraliste illusoire, ne réfléchissent pas à des formes alternatives de prise du pouvoir. Ces formes alternatives qui pourraient changer la donne car, l’histoire ne nous donne aucun exemple d’une dictature ayant été reversée par un bulletin de vote, et nous ne voyons pas comment le Gabon pourrait être pionnier en la matière. Dans ce contexte, les Gabonais devraient, en dehors des élections, collectivement ou individuellement, explorer toutes les pistes pouvant leur permettre de reconquérir leur souveraineté et leur dignité.

Généralement, les opposants qui veulent aller aux élections le font, soit pour leur propre intérêt, soit par lâcheté, pour ne pas avoir à croiser le fer avec le pouvoir criminel des Bongo. Mais toujours, en s'appuyant sur des arguments spécieux. D'ailleurs, on remarquera que même à l'époque du parti unique, ces gens-là étaient toujours candidats à quelque chose. C’est leur carburant politique. Dans tous les cas, ces « opposants électoraux » servent – volontairement ou pas – de soupape de sécurité au régime en ce sens que par leur petit jeu de dupes, ils endorment les populations en leur faisant croire en la possibilité d’une alternance démocratique. La biométrie « vaudouïsée » d’Ali Accrombessi participe de cette gigantesque escroquerie politique.

Si les élections avaient pour objectif de permettre à notre pays d'entrer dans une ère démocratique, cela se saurait depuis longtemps. En Tunisie, en Egypte ou en RCA, où des élections étaient toujours régulièrement organisées, ce n'est pas le vote qui a permis aux peuples de ces pays de chasser Ben Ali, Moubarak et Bozizé du pouvoir. Qu'on arrête donc de distraire les Gabonais ! Les élections dans notre pays servent essentiellement à pérenniser un système dont certains complices sont bien planqués dans une opposition dont ils ont habilement pris le contrôle grâce à leur immense fortune. Au cœur de leur stratégie : décourager toute velléité de soulèvement populaire, en prétextant que le peuple ne disposant pas d’armes devrait faire preuve de patience et attendre. Pourquoi pas !? Sauf que l’attente et la patience n’ont pas le même goût, selon que l’on crève de faim ou que l’on ait des milliards sur ses comptes en banque. Quant à l’argument sur les armes dont la population gabonaise est dépourvue, il peut être facilement battu en brèche par l’actualité : en Syrie, l’opposition est armée et aidée à la fois par les Occidentaux et certaines monarchies du Golfe Persique. Deux ans et plus de cent mille morts plus tard, elle n’a toujours pas réussi à renverser le régime de Bachar Al-Assad. A l’opposé, les Tunisiens et les Egyptiens n’ont pas eu besoin d’armes pour venir à bout, en quelques jours, de leurs tyrans.

Aussi, nous invitons les Gabonais à prendre leurs responsabilités. Toutes leurs responsabilités ! Et cela, bien sûr, se fera au prix de quelques sacrifices.
Gildas Ngouoni

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