Germain
Mba, fonctionnaire international et diplomate en vue, rentré au pays sous les
conseils et la protection d’Houphouët Bouagny, revenait du cinéma avec son
épouse un soir de 1971. Arrivé à l’entrée de son domicile au quartier London de
Libreville, ils sont soumis à un tir nourri d’armes automatiques. Germain
s’effondre atteint par la rafale, pendant que son épouse cherche désespérément
à protéger leur fille mortellement touchée. Les assaillants vont s’approcher et
embarquer l’opposant Mba Germain dans une voiture qui les attendait. Depuis ce
jour, Mba Germain est porté disparu, son corps n’a jamais été retrouvé (des
rumeurs invérifiables ont parcourus les rues de la capitale gabonaise en 1990,
celles-ci affirmaient que Mba Germain aurait survécu à ses blessures en 1971 et
aurait été enfermé dans une chambre secrète pour des besoins fétichistes, il
aurait ensuite été sacrifié en 1990 à la suite des violents émeutes de la rue,
le dictateur craignant la perte du pouvoir et la découverte de cet homme. Le
corps serait toujours conservé dans cette même chambre). Après cet attentat
Bongo a tenté de coucher avec l’épouse de Mba qu’il venait de faire assassiner.
Devant son refus il l’a fait exiler avec ses enfants à l’intérieur du pays dans
village surveillé par des gendarmes. Ces derniers avaient pour instruction de
la violer tous les jours et ils ne se faisaient pas prier. Elle n’a eu la liberté
relative qu’à la suite des mouvements qui ont ébranlé le régime en 1990.
Inutile de vous parler de l’enquête que Bongo a ouvert à ce propos. L’épouse et
les enfants de Mba Germain, coupables du crime de parenté, ont vécu dans le
dénuement le plus total, mais également dans une persécution organisée, une
torture morale et physique systématique, dans l’exclusion et l’isolement des
bagnards pour avoir tout simplement été les enfants et l’épouse d’un grand
homme qui gênait un dictateur par sa stature d’homme d’Etat. Au Gabon, il était
même interdit de prononcer le nom de ce compatriote, et encore moins de parler
de son malheur.
Biographie
Il est diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris et de l’École nationale des douanes et de législation financière de Neuilly1. Pendant ses études à Paris, il crée avec des membres de l'AGEG, le Mouvement gabonais d'action populaire lors du référendum de 1958.
En 1957, Germain Mba Nguema épouse Anne Françoise Delbreil en première noce avec qui il a 4 enfants : Myriam, Françoise, Jean et Michel. En deuxième noce, il épousera Martine Oyane à Libreville.
Entre 1962 et 1964, il occupe le poste de secrétaire général adjoint de l’Union africaine et malgache (UAM), ancêtre de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM) à Cotonou (Dahomey) avec Diallo Telli et Albert Tévoédjrè. Germain Mba démissionne avec fracas de ce poste pour protester contre la restauration au pouvoir de Léon Mba par les troupes françaises en février 1964. Cette restauration fit suite au coup d'État qui porta au pouvoir Jean-Hilaire Aubame à la tête d'un gouvernement provisoire dont Germain Mba occupait le poste de ministre de l'Intérieur2.
Il rentre ensuite dans la clandestinité et fonde à Alger en mai 1964 le Mouvement national de la révolution gabonaise (MNRG) avec d'autres anciens militants ou sympathisants de l’Union démocratique et sociale gabonaise (UDSG) de Jean-Hilaire Aubame. Il prend le pseudonyme d'Omar Ben Ali et délocalise le mouvement à Accra, à Brazzaville et se réfugie à Kinshasa où il est arrêté durant une année. En 1965 il devient rédacteur en chef adjoint du magazine Jeune Afrique à Paris dans lequel il avait déjà publié sa prise de position sur le coup d’État de 1964. Avec Marc Mba Ndong il s’opposera à la modification constitutionnelle de novembre 1966 qui crée le poste de vice-président de la République. En septembre 1968 il est nommé conseiller économique et commercial du nouveau président Albert-Bernard Bongo.
À partir de 1969 il renoue avec une carrière diplomatique qui le conduira comme ambassadeur en Allemagne (RFA) et au Japon. Le 17 septembre 1971alors qu'il se trouve en visite à Libreville il sera enlevé et probablement assassiné (son corps n'a jamais été retrouvé). Selon Pierre Péan dans Affaires africaines, l'assassinat de Germain Mba aurait été l'acte du mercenaire français Bob Denard sur ordres du président Albert-Bernard Bongo qui le considérait comme un dangereux rival.
Références Wilkipédia
1.↑ David E. Gardinier et Douglas A. Yates, Historical Dictionary Gabon, Third edition, The Scarecrow Press, Maryland, 2006, p. 201-202
2.↑ Nicolas Métégué N'Nah, Histoire du Gabon: des origines à l'aube du XXIe siècle, Paris, L'Harmattan, 2006, p. 185.
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