Perspectives

mardi 11 juin 2013

Impossibilité juridique et constitutionnelle d'alternance démocratique au Gabon (suite): La Révolution.

Dans le précédent article, nous avons vu que malgré toute la volonté du peuple gabonais de se départir de la violence pour accéder au pouvoir, des murs juridiques et institutionnels en béton armé dressés par la dictature des Bongo, empêchent l'alternance démocratique non violente au Gabon. Dans cette partie, nous allons examiner la deuxième voie pour permettre l'alternance au pouvoir: La Révolution.
Le sujet étant vaste pour ne pas en faire un débat intellectuel fatigant, il convient de circonscrire les contours de notre exposé en définissant le terme révolution et en le contextualisant à la situation gabonaise.

Le mot révolution est issu du bas latin et latin chrétien revolutio « révolution, retour (du temps); cycle, retour (des âmes par la métempsychose) » ; latin médiéval « révolution (astronomique) », dérivé du latin revolvere « rouler (quelque chose) en arrière; imprimer un mouvement circulaire à, faire revenir (quelque chose) à un point de son cycle ». C'est en 1660, lors de la restauration de la monarchie anglaise, qu'il a été utilisé pour la première fois dans son sens actuel, celui d'un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d'un État.

La difficulté à définir le terme vient d'un usage répandu qui tend à le confondre avec celui de révolte, lequel désigne la contestation par des groupes sociaux de mesures prises par les autorités en place, sans que cette contestation s'accompagne nécessairement d'une volonté de prendre le pouvoir et de se substituer à ces autorités. On parle donc habituellement de révolution a posteriori, une fois que le soulèvement a débouché sur une prise de pouvoir, laquelle s'exprime ensuite par d'importants changements institutionnels. 

À la différence de la révolte, qui est un mouvement de rébellion spontané se manifestant très tôt dans l'histoire (ex. la révolte de Spartacus), la révolution est généralement considérée comme un phénomène moderne et, sinon prémédité, du moins précédé de signes annonciateurs. Le mot désigne alors une succession d'événements résultant d'un programme (ou projet), voire d'une idéologie. Ce qui distingue donc la révolution de la simple révolte, c'est qu'il est possible de la théoriser.
Il est ainsi significatif que la pratique révolutionnaire n'apparaît qu'à la fin du XVIIIeme siècle, au moment où se généralise en Occident la pensée réflexive, quand l'Humanité se pense comme telle et formule les principes de sa gouvernance. C'est l'époque où Adam Smith en Angleterre jette les bases du libéralisme et où en France Jean-Jacques Rousseau, avec son Contrat social, élabore les fondements de la démocratie moderne. Deux événements politiques sont ainsi considérés comme les premières grandes révolutions de l'histoire : en 1776, la Révolution américaine (qui correspond à la naissance des États-Unis) puis en 1789 la Révolution française (qui marque l'avènement de la République en France).

En 1990, il n'y a pas eu une révolution, mais une révolte populaire. En effet bien que la volonté réelle du peuple était le changement des dirigeants, mais celle-ci ne s'accompagnait pas d'une réelle volonté de prise de pouvoir en se substituant aux autorités criminelles du régime des Bongo. Cette révolte a été récupérée par des opposants fabriqués pour réguler la tension sociale et permettre au dictateur de conserver ses prérogatives. Finalement, après les débats dans une conférence nationale, tout aussi fabriquée pour les mêmes raisons, les gabonais ont constaté que l'ordre ancien était toujours là. Avec en prime, le constat amer que les politiciens qui prétendaient être du côté du peuple étaient des ripoux et des prédateurs assoiffés qui ne voulaient qu'une chose s’asseoir à côté du dictateur à la mangeoire nationale (gouvernement).

Devant la bassesse la plus rétrograde que peut avoir l'être humain, à savoir consommer la chaire et le sang de son semblable pour se maintenir au pouvoir, la mauvaise gouvernance, tous les actes d'assassinat par empoisonnement des leaders de l'opposition, les gabonais ont désormais la ferme volonté de changer radicalement les choses. Ce changement ne doit pas seulement être un changement de régime ou de dirigeant, mais un changement en profondeur de toute la structure sociale et politique instituée par un régime abject. 
La révolution ne doit donc pas être une simple révolte, ni des simples revendications corporatistes. Ici il ne s'agit plus uniquement de contester les mesures impopulaires prises par le dictateur, mais cette contestation doit s'accompagner d'une réelle volonté de prendre le pouvoir et se substituer à ce régime de prédateurs. C'est en cela qu'il faudra différencier révolte et révolution.

Pour se défaire des sangsues qui s'accrochent au pouvoir, la révolution gabonaise revêt désormais un caractère intangible et obligatoire, au regard du verrouillage de toute voie démocratique d'alternance. Pour rendre effective cette révolution, nous devons la théoriser, la planifier, l'organiser et l'appliquer sur le terrain. Le but étant de renverser un régime tyrannique et criminel, il faut donc mettre en place une stratégie de combat et des tactiques d'évolution sur le terrain. Toutes les composantes du peuple doivent, à un moment ou à un autre, être associées. 

Le soulèvement populaire ne doit pas permettre l'anarchie, il doit être contrôlé pour permettre un retour rapide à un Etat de droit. Le soulèvement ne doit pas non plus permettre à une caste d'ancien prédateurs de s'accaparer du pouvoir et réinstaller le même système, il doit permettre à des personnes neuves et jamais impliquées dans les malversations du régime des Bongo de prendre les destinés du pays pour une période de transition qui permettra de libérer la justice aux fins de juger et condamner les criminels qui ont dirigé ce pays, de mettre en place des institutions réellement libres et démocratiques, de restaurer la confiance du peuple, de restaurer l'Etat.

Le blog vous suggère de relire l'article "Notre bastille à prendre" du dimanche 28 avril 2013.

Histoire de France: La Révolution de juillet 1830 (les fameuses trois glorieuses 27,28 et 29 juillet 1830) 
Source: Wilkipédia
La liberté guidant le peuple: tableau peint  en  1830
du peintre Eugène Delacroix 1798-1863
La Révolution de Juillet, révolution française à la faveur de laquelle un nouveau régime, la monarchie de Juillet, succède à la Seconde Restauration, se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les « Trois Glorieuses ».
Après une longue période d’agitation ministérielle puis parlementaire, le roi Charles X tente un coup de force constitutionnel par ses ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830. En réaction, un mouvement de foule se transforme rapidement en révolution républicaine. Le peuple parisien se soulève, dresse des barricades dans les rues, et affronte les forces armées, commandées par le maréchal Marmont, au cours de combats qui font quelque 200 tués chez les soldats et près de 800 chez les insurgésN 1.
Charles X et la famille royale fuient Paris. Les députés libéraux, majoritairement monarchistes, prennent en main la révolution populaire et, au terme de l’« hésitation de 1830 », conservent une monarchie constitutionnelle, au prix d’un changement de dynastie.
La maison d’Orléans, branche cadette de la maison de Bourbon, succède à la branche aînée ; Louis-Philippe Ier est proclamé « roi des Français » et non plus « roi de France ».